|  Nanuq in Disko Bay
 Nanuq 2015 : Danemark - Norvge - Fair Isle - Féroés 
                    - Islande - Groenland Etape 6 : carte Etape 5 : carte Etape 4 : carte Etape 3 : carte Etape 2 : carte Etape 1 : carte 
     
                     
                      | ETAPE 
                        6 : 580 milles : équipage 6 : 10 jours |   
                      |  
                          
  |   
                      | Source fond : Atlas du Canada 
                        - La région circumpolaire Nord - atlas.gc.ca |  
 Etape 
                    6 : Arrivée à Qaanaaq (9 septembre 
                    2015)  Qaanaaq, Inglefield Bredning, 77°28' N. Voir le Arina 
                    Arctica au mouillage, dernier cargo de ravitaillement 
                    avant l'hiver (photo Peter Gallinelli)
 Qaanaaq(*), le 9 septembre, arrivée 
                    à destination au terme de la 6ème et dernière 
                    étape de ce grand premier chapitre, lieu imaginé 
                    et revé depuis longtemps. D'y être nous semble 
                    encore irréel. Nanuq tire sur son ancre dans son mouillage 
                    à quelques encablures du village, à l'abri des 
                    glaces, mais pas du vent glacial qui descend de l'inlandsis 
                    (***). Nous vivons notre première neige fraîche 
                    sur le pont. Malgré que nous ne chauffons pas il fait 
                    agréablement chaud et bon vivre dans notre 'iglou 
                    passif'.  Au compteur 4700 milles nautiques (~7500 
                    km). Ces milles n'ont rien à voir avec le déplacement 
                    en avion devenu l'outil standard pour zapper d'un lieu à 
                    un autre. Nous avons négocié chaque vague, profité 
                    de chaque brise, contourné de nombreux caps et aperçu 
                    des milliers de points de vues uniques sur de multiples pays. 
                    Nous avons eu nos moments d'attente, de doute et de fatigue, 
                    de plaisir et d'émerveillement, de découverte 
                    et de rencontre, de partage et d'union dans l'équipage 
                    qui a conduit par sa force, persévérance et 
                    volonté notre voilier sur cette incroyable route ... 
                    à la vitesse moyenne du marcheur pedestre. Nous tournons une page. Et ouvrons un nouveau 
                    chapitre. L'automne 
                    sera consacré à l'installation du camp d'hiver: 
                    préparation du bateau, installation des éoliennes 
                    et des instruments de mesures. Les journées iront en 
                    se raccourcissant et laissant place aux premières chutes 
                    de neige,tempêtes d'automne et embâcle. Les derniers 
                    équipiers d'été quitteront le bateau 
                    une fois la banquise formée courant novembre... A suivre.  (*) Nouveau Thulé en français 
                     
                      |  Mouillages:
 Fan Gletscher 77°32.5N 69°54.8W : mouillage 
                          à l'W du delta d'alluvions de Fan Gletscher, 
                          face à Herbert Oe. Mouillage d'excellente tenue 
                          par 7m fond de sable. Ouvert au S. (***) Qaanaaq 77°27.9N 69°16.6W : mouillage 
                          par 5m fond de très bonne tenue à 5-6 
                          encablures à l'W du village. Protégé 
                          par des hauts-fonds rocheux découvrant à 
                          basse mer qui forment un semblant de baie naturelle 
                          à l'abri de la glace en dérive. La passe 
                          d'entrée passe précisément par 
                          le point 77°27.8N 69°17.0W en venant droit du 
                          S, profondeur 2.0 - 2.5m à basse mer; la profondeur 
                          dans la baie est d'environ 5m. Aucune protection du 
                          vent. Pas de protection du clapot à PM. Débarquement 
                          en annexe parmi les rochers et la plage - idéalement 
                          entre mi-marée et pleine mer. Ne ratez pas une 
                          visite à Qaanaaq Hotel. Le mouillage des barques 
                          devant le village ne convient pas à un voilier 
                          (0.5 à 1m de profondeur à basse mer). |    Etape 
                    6 : Le village le plus septentrional du monde (8 
                    septembre 2015)  Baie de Melville (photo Peter Gallinelli)
 La traversée de la baie de Melville 
                    et la remontée vers la région de Qaanaaq a été 
                    rapide, à moitié à la voile, à 
                    moitié au moteur car une fois de plus le calme et un 
                    ciel inperturbablement clair nous accompagnent. Les journées 
                    sont encore continues, et bien que le soleil se couche pour 
                    quelques heures, il y règne un crépuscule rendant 
                    l'utilisation de l'éclairage inutile. Mais ce n'est 
                    qu'un sursis. Nos compas de route commencent à perdre 
                    le nord ... la proximité du pôle magnetique les 
                    désoriente et ils ne sont plus toujours d'accord entre 
                    eux. Quand la mer est houleuse il leur faut du temps pour 
                    se stabiliser. La déclinaison magnétique est 
                    d'environ 60°. Le compas qui est l'instrument de base 
                    de la navigation hors de vue des côtes touche ici à 
                    ses limites.  Siorapaluk, le village le plus septentrional du monde (77°47'N) 
                    et sa plage de sable fin, Robertson Fjord (photo Peter Gallinelli)
 Nous revenons à présent de Siorapaluq, 
                    village le plus septentrional du monde. Les discussions avec 
                    les habitants sont intéressantes et riches en informations, 
                    car parmi les quelques possibilités identifiées 
                    au préalable à l'aide des cartes et des photos 
                    satellites, il s'agit désormais de constituer notre 
                    connaissance locale et de visiter les lieux en vue d'élire 
                    notre camp d'hiver qui réunira le plus de qualités 
                    possibles: en priorité protection de la mer et de la 
                    glace, ensuite accessibilité, lac ou cours d'eau fraiche, 
                    proximité d'un village ... et finalement pas trop encaissé 
                    pour profiter du vent pour nos éoliennes. La cerise 
                    sur le gâteau serait un dégagement au S pour 
                    profiter du premier (et dernier) soleil! La fin de l'été est manifeste. 
                    Les cours d'eau gèlent, nous grattons la première 
                    glace sur le pont. Le lieu d'hivernage n'est pas encore déterminé 
                    car les mouillages sûrs se font rares dans la région...    Marche dans la toundra, Robertson Fjord, torrent gelé 
                    : été inden au Groenland (photos Peter Gallinelli)
   
                     
                      |  Mouillages:
 Qeqertarssuaq 77°25.4N 70°14.0W : mouillage 
                          par 5m fond de sable de bonne tenue dans une baie ouverte 
                          au NW (viser un spot parmi les algues). Donner un large 
                          tour à l'W des ilots qui ferment la baie au N 
                          pour éviter les hauts fonds dans le prolongement 
                          des ilots. Ne pas pénétrer dans la baie 
                          au-dela de l'ilot W: barre de rochers isolés! 
                          Le fond de la baie assèche à basse mer 
                          de grande marée. Le village se trouve à 
                          1.5km à l'E du mouillage. Nombreuses ruines le 
                          long de la côte. Barden Bugt 77°08.7N 70°43.1W : mouillage par 
                          15m fond sable et limon d'excellente tenue à 
                          80 m de la plage au fond du fjord derrière une 
                          moraine terminale, protégé toutes directions. 
                          Attention aux hauts fonds au pied des moraines (5m), 
                          et à proximité du Kap Powlett. Restes 
                          de village abandonné le long de la côte 
                          N du fjord. Environnement minéral et glaciaire. 
                          La nuit une brise froide descend du glacier. Potentiellement 
                          un mouillage d'hiver - à tester par gros temps 
                          du secteur W (houle de travers inconfortable ?) Merci 
                          aux images worldwind ! Info: Le graphique suivant montre les longueurs 
                          de jours au fil de l'année pour 75° de latitude 
                          nord:  Graphe des durées de jour : axe horizontal = 
                          numéro du jour; axe vertical = nombre d'heures. 
                          Définition des jours civil, nautique, astro, 
                          voir... (clic = zoom)
 |    Etape 
                    6 : La route arctique (2 septembre 2015) Ce matin les sommets des montagnes sont couverts de giboulés 
                    et de givre. La prévision météo pour 
                    la Baie de Melville annonce -5°C. Upernavik est au Sud. 
                    De plus en plus, le manteau rocheux apparait à l'état 
                    brut, vierge de toute vie. Notre route continue sans perturbation. 
                    Nous sommes étonnés de la relative facilité 
                    d'avancement. Les bonnes conditions météo y 
                    sont pour quelque chose, bien que le manque de vent récurrent 
                    nous oblige de faire appel au moteur. Aussi, fin août-septembre 
                    correspond la période de moindre glace.  Approche de la côte au petit matin après une 
                    nuit de près en mer (photo Peter Gallinelli)
 La région d'Upernavik se révèle riche 
                    en possibilités de grimpe et d'alpinisme. Des falaises 
                    granitiques massives alternent avec des vallons accueillants 
                    où abonde une flore colorée et chargée 
                    de baies sauvages. C'est de la prospection pour de futures 
                    expéditions - nous notons attentivement ce que nous 
                    voyons. Nous avons également commencé la prospection 
                    pour trouver notre mouillage d'hiver et si les emplacements 
                    sûrs et accessibles sont plutôt nombreux dans 
                    cette région, hélas, la glace y est tardive 
                    (embâcle décembre-janvier) et de faible épaisseur 
                    (20-40cm) ce qui limite son intérêt pour un hivernage: 
                    pas de glace équivaut à des déplacements 
                    difficiles car si on voyage aisément sur la banquise 
                    formée et solide, les périodes d'embâcle 
                    et de débâcle sont délicates, et tant 
                    que le bateau ne sera pas solidement pris dans la glace, nous 
                    serons exposés aux coups de vents et la banquise en 
                    dérive. La remontée jusqu'au front de glace de Upernaviks 
                    Isfjord laisse entrevoir le recul spectaculaire des glaciers: 
                    nous pénétrons sur 20km d'un espace occupé 
                    par le glacier encore il y a deux décennies. Certains 
                    lacs ont simplement disparu. Le paysage est entièrement 
                    remodelé. Comme pour la plupart des glaciers du monde, 
                    la trace des surfaces nouvellement mis au jour témoigne 
                    d'une diminution massive et soudaine... Au pied du glacier 
                    nous trouvons un mouillage inespéré à 
                    quelques brasses d'une île apparue il y a peu de temps, 
                    sans doute sans nom (*). Les occasions de visite terrestre 
                    sont intéressantes et nous sommes impressionnés 
                    par la fabuleuse vitesse à laquelle la vie prend pied 
                    sur la roche et le limon.    Nanuq en train de se frayer un passage par Upernaviks Isfjord 
                    (extraits vidéo Kalle Schmidt)
 Cette incursion devient aussi l'occasion de nous frotter 
                    à la première glace fraîche en nous frayant 
                    un passage pour traverser Isfjord qui mérite bien son 
                    nom. Le centimètre de glace vive éclate comme 
                    du verre brisé tandis que les plaques de 15 cm au pied 
                    des glaciers cèdent avec des craquements sourds. Nous 
                    découvrons le bateau dans son élément: 
                    l'étrave renforcée écarte facilement 
                    les plus gros blocs en glissant le long des bordés 
                    qui par la même occasion effectuent un carénage 
                    gratuit devenu plus que nécessaire. Les fusibles des 
                    safrans basculants fonctionnent à merveille en évitant 
                    un choc brutal avec la glace, dure comme du rocher. Mais la prudence prime sur l'enthousiasme. Nous sommes sur 
                    le qui-vive face aux éléments qui ne pardonnent 
                    aucune erreur; la glace omniprésente demande de l'attention 
                    et les tempêtes d'automne débouleront un jour... 
                    il nous faudra des ressources et des solutions de repli fiables. En parallèle le programme scientifique continue: à 
                    présent, deux bouées météo dérivent 
                    le long du courant du Labrador, une troisième sera 
                    larguée en Baie de Melville. Les absorbeurs de l'Université 
                    de Savoie s'impregnent des éléments alors que 
                    les prélèvements d'eau de mer pour le compte 
                    de l'Université de Brest sont effectuées tous 
                    les 3 à 4 jours. Si ces opérations sont aisés 
                    dans des conditions de laboratoire, leur mise en oeuvre par 
                    conditions de froid, de mer houleuse et dans un espace restreint 
                    demande de la rigueur et de l'organisation. Ainsi, chaque jour apporte une nouveauté, une nouvelle 
                    rencontre, une nouvelle expérience, une nouvelle ambiance: 
                    inversément proportionnelle au nombre d'éléments 
                    qui le composent, la diversité de ce pays-continent 
                    est stupéfiante. C'est bien cette côte infiniment 
                    variée qui a donné naissance au nom par lequel 
                    nous appelons ce pays, et il est mérité ... 
                    autant que le nom donné par les habitants eux-mêmes, 
                    car c'est également le pays des hommes. Nous sommes 
                    à présent impatients de vivre une nouvelle saison... 
                    et de découvrir le pays sous une nouvelle facette. 
                     
                      |  Mouillages:
 (*) Isfjord, île sans nom 72°48.2N 54°15.5W: 
                          13m fond de limon, tenue correcte, mouillage de beau 
                          temps. Possibilité d'accès à la 
                          calotte glaciaire. Cadre exceptionnel au pied du front 
                          de glace. Fjord sans nom 73°03.1N 55°09.6W : très 
                          bon mouillage protégé des vents et de 
                          la glace, fonds de vase / sable de bonne tenue (quelques 
                          algues évitables). Situation encaissée. 
                          Le fond du fjord est accessible à PM avec connaissance 
                          locale (gros rochers dans la passe - repérage 
                          en annexe recommandée), potentiellement un mouillage 
                          tout temps / toute saison. Cours d'eau à proximité 
                          au fond de la baie sur le flanc exposé au S / 
                          restes d'un campement d'été de pêcheurs. 
                          La grande cascade au N n'existe plus. Appilattoq village 72°52.3N 55°34.2W : excellent 
                          petit port naturel utilisé par les pêcheurs 
                          locaux. Mouillage de tenue correcte par 13m de fond 
                          (fonds dans la baie entre 6 et 18m). Passe d'entrée 
                          dans l'axe 8m de fond. Attentien aux rochers isolés 
                          à proximité et dans la passe de l'ariière-port. 
                          Lac d'eau douce à 15' à pied. Distance 
                          au village habité ~2km - marche facile. Réseau 
                          GSM. Mouillage Atiligssuaq Sud 72°46.9N 55°51.4W 
                          : petite crique perpendiculaire à l'axe du fjord. 
                          Bien protégé du vent. Fond de sable (tenue 
                          non vérifiée) : mouiller par 12-15 m de 
                          fond et frapper 2 aussières AR sur les rochers 
                          de la côte. Baie au S de Umiasugssuk 72°45.8N 55°53.9W 
                          : mouillage sur fond de sable et de blocs, bonne tenue, 
                          au pied d'une petite plage au S de l'isthme rocheux 
                          qui ferme la baie. Montagnes et falaises de part et 
                          d'autre, belles escalades en perspective, cascades, 
                          dernière neige au niveau de la mer (fin août). 
                          Assez visité. Eviter les pieds des falaises: 
                          cutes de pierres!! Village de Nutaamiut 73°31.1N 56°25.1W : village 
                          marqué abandonné sur la carte nautique, 
                          mais habité avec infrastructures neuves (pècherie, 
                          antenne GSM, maisons). Mouillage par 6-7m fond sable 
                          et blocs de bonne tenue dans l'axe du relais GSM (50m 
                          au S de la chapelle). Pas de quai, mais un rocher accore 
                          protégé par des pneus au pied de la grue 
                          au S du village, exposé aux petits bergs, mais 
                          la faible profondeur protège raisonnablement. |  
   
                     
                      | ETAPE 
                        5 : 650 milles : équipage 8 : 16 jours |   
                      | 
 
 |   
                      | Source fond : Atlas du Canada 
                        - La région circumpolaire Nord - atlas.gc.ca |  Etape 
                    5 : En route pour Upernavik (25 août 2015) Nous voici à Upernavik à 73°N. Après 
                    une longue absence en raison de difficultés de connexion 
                    à Internet, voici enfin des nouvelles. Nous en avons 
                    profité pour agrémeter d'anciens articles avec 
                    un peu de documentation. Bonne lecture! Après l'agitation citadine d'Ilulissat, nous sommes 
                    transportés hors du temps à Sarqaq(*), village 
                    paisible à une centaine de km au N de la capitale touristique 
                    et qui abrite le jardin arctique de Hanibal Fencker: une serre 
                    chaude avec une végétation luxuriante telle 
                    que nous ne l'avons plus vue depuis longtemps. Un parfum de 
                    nostalgie d'une douceur de vivre lointaine s'en dégage. 
                    Le contraste avec le fjord dans lequel s'accumulent les icebergs 
                    géants est saisissant... Le soir, surprise : c'est 
                    la fête du village. Musique et feux d'artifices sont 
                    au programme jusque tard dans la nuit. L'ambiance à 
                    bord est également festive ce samedi soir!    Village de Sarsaq avec ses chiens et ses icebergs qui craquent. 
                    Le jardin arctique de Hanibal Fencker à Sarsaq (photos 
                    Peter Gallinelli)
  A Saqaq, comme ailleurs, les citernes à fuel, exposés 
                    sans complexe, montrent l'importance centrale du pétrole 
                    pour le mode de vie occidental (photo Peter Gallinelli)
 Le lendemain nous continuons notre route : en avant! Le Vaigat 
                    est un passage austère et sans abri long de 60 milles 
                    et large de 10 (dimensions comparatives du Léman : 
                    longueur 30 milles, largeur 5 milles). Il sépare l'île 
                    de Disco de la presque-île de Nugssuaq au N, toutes 
                    deux grandioses par l'étendue de leurs vallées 
                    désertiques et leurs sommets enneigés 2000 mètres 
                    plus hauts. Une invitation à y passer du temps - à 
                    pied. Il faudra sans doûte une semaine pour les traverser; 
                    une vallée interminable nous y invite... il faudra 
                    revenir! Les prêtres de Sarqaq nous ont prédit du temps 
                    ensoleillé. Ils ont eu raison. Nous découvrons 
                    un pays d'après-saison. Le soleil est de plus en plus 
                    bas et le phénomène est encore accentué 
                    par notre progression vers le Nord. Chaque jour nous fait 
                    gagner un degré en latitude ce qui équivaut 
                    à un degré de hauteur en moins pour le soleil. 
                    La végétation devenue spartiate a changé 
                    de couleur et se prépare à un hiver long et 
                    froid. A l'exception des oiseaux pélagiques et la vie 
                    sous-marine, le pays semble désert. Il y règne 
                    une atmosphère silencieuse et mélancolique. 
                    Réalité ou imagination? La perspective d'approcher 
                    un hiver long et froid accentue sans doute cette impression.    Saison des bolets en arctique. Le village de Niaqornat (photos 
                    Peter Gallinelli)
 Après une nuit passée au mouillage d'attente 
                    au S de Nugsuata(**), nous repartons pour Niaqornat(***), 
                    le 'Village au bord du monde', construit sur un isthme, avec 
                    son mouillage symboliquement protégé des rigueurs 
                    de l'Ouest par des icebergs échoués. C'est un 
                    lieu à mi-chemin entre montagne aride et mer sauvage. 
                    Un lieu où le temps s'écoule à une vitesse 
                    contemplative. Nous nous asseyons sur le minuscule quai de 
                    déchargement et respirons le présent, en nous 
                    impregnant d'un temps hors du monde. Sur la plage un père 
                    lance des ricochets avec ses enfants - ce jeu est universel. La seule personne au village qui parle anglais nous dépanne 
                    pour le fichier météo. L'accès au 'monde' 
                    existe dans tous les lieux habités du Groenland. Par 
                    conséquent, pour savoir si un village est habité 
                    ou non, le mieux est de consulter les cartes de couverture 
                    du réseau mobile éditées par l'opérateur 
                    téléphonique groenlandais! L'avenir passe par 
                    là. L'exode 'rural' est marqué et plus d'une 
                    fois nous nous trouvons face à des villages fantômes 
                    là où nous pensions rencontrer des personnes.  Extrait de carte de couverture GSM. Souvent il y a de la 2G, 
                    voire 3G (extrait carte © TELE-Greenland)
 Une traversée rapide au large des fjords d'Ummanaq 
                    nous approche enfin de la région découpée 
                    d'Upernavik que nous explorons à présent (****) 
                    ... des bolets coupés en tranches sèchent sur 
                    la table à cartes et remplacent temporairement les 
                    cartes de navigation. Nous franchissons le 70ème parallèle 
                    N. [...] 
                     
                      |  Mouillages:
 (*) Sarqaq : 70°00'N 51°57'W, bon mouillage 
                          devant le village protégé du S par une 
                          île et un haut fond. Mouillage dans 5-10 mètres 
                          fond sable d'excellente tenue. Fuel à quai (automate). 
                          Petit magasin. Nosy-Bé a hiverné ici en 
                          1996. Bien cartographié.  (**) Mouillage temporaire au S de Nugsuata : 70°40'N 
                          54°34'W. Bien protégé des vents du 
                          secteur NW à SE en passant par le N. Ouvert à 
                          la mer du S au W. Tenue correcte par 11m de fond gravier 
                          et algues au pied d'une plage de galets près 
                          de la falaise. Origine volcanique. Vallons magnifiques 
                          avec bolets et baies. Quelques tombeaux inuits. (***) Niaqornat : 70°47'N 54°34'W, le mouillage 
                          est situé du coté W de l'isthme. Mouillage 
                          correct par temps calme dans env. 15m de fond à 
                          50m de la plage. Beau village installé sur un 
                          isthme avec un petit magasin et des belles ballades 
                          dans les environs. Le mouillage est ouvert au NW et 
                          seulement protégé par des gros icebergs 
                          échoués qui protègent quelque peu 
                          la plage. (****) Mouillage au S d'une moraine glaciaire à 
                          l'entrée W du fjord Amitsup Suvdlua : 71°49'N 
                          55°24'W. Bonne tenue dans 10m d'eau, au pied d'une 
                          cabane de chasseurs abandonnée. La moraine ne 
                          figure pas sur la carte, mais se voit sur les photos 
                          satellite. Point de départ à des randos 
                          faciles dans les montagnes environnantes. Ruine de maison 
                          de tourbe et de campement tipi. |    Etape 
                    5 : Sisimiut et la route de Sila [1] 
                    (19 août 2015) Depuis le temps que nous cabotons le long de la côte 
                    groenlandaise, la voile aventureuse et glaciaire s'est transformée 
                    en une opportunité de visite terrestre sans égal. 
                    Si la navigation le long de la côte demande de l'attention 
                    et de la précision, elle n'est pas moins confortable, 
                    souvent abritée, et chaque jour est ponctué 
                    d'une visite à terre. Aujourd'hui, après une recherche infructueuse d'un 
                    mouillage, nous accostons un minuscule quai devant un village 
                    d'une vingtaine de maisons; Ikerasarsuq(*). Il ne faut pas 
                    5 minutes pour que Stephen, l'instituteur du village, vienne 
                    à notre rencontre pour nous inviter à un café 
                    matinal. Il nous demande de parler de nous et du pourquoi 
                    de notre présence ici aux 20 élèves et 
                    habitants du village. Nous passerons une bonne partie de la 
                    journée en compagnie de nos hôtes et sommes touchés 
                    par le sourire et l'enthousiasme des enfants, l'accueil spontané 
                    et cordial des gens du village. Sur ce lieu plane un esprit 
                    bienveillant de jeunesse, de vie et de concorde. La jeune 
                    institutrice groenlandaise qui prendra la relève à 
                    la rentrée nous remerciera pour la visite. Nous la 
                    remercions pour l'accueil chaleureux avant de larguer les 
                    amarres pour continuer notre route vers le Nord. Nous ferons 
                    tout pour y repasser, c'est promis.  Nanuq au pied d'un iceberg dans la baie de Disko, au large 
                    de Ililissat : classique (photo Stéphanie Piffeteau)
 Car notre aventure interpelle à chaque escale. Notre 
                    voilier qui ne ressemble à rien de connu y est certainement 
                    pour quelque chose. Ce sont des occasions de partage d'idées 
                    et d'en apprendre les uns sur les autres. Ainsi, Martin, notre 
                    contact à Sisimiut s'avère être chercheur 
                    en physique du bâtiment à l'université 
                    technique danoise qui y entretient une antenne. Son domaine: 
                    ventilation et isolation thermique dans les climats arctiques, 
                    des sujets qui ne me sont pas étrangers. Voici une 
                    opportunité exceptionnelle. Il nous ouvre les portes de son laboratoire, et par la même 
                    occasion de ses ateliers - car il nous faut encore fabriquer 
                    le mat de l'éolienne - et nous fait visiter les deux 
                    prototypes de bâtiments passifs. En retour, nous organisons 
                    une conférence et visite à bord pour les étudiants 
                    du camp d'été: ingénieurs en génie 
                    civil, sciences de l'environnement, géographie, architectes... 
                    histoire à suivre, nous restons en contact; les premiers 
                    résultats de notre expédition sont attendus 
                    avec beaucoup d'intérêt.    Peter expliquant le 'passive igloo' 
                    aux étudiants de l'université technique danoise 
                    et aux enfant d'un village au Groenland (photos Lisa Gallinelli, 
                    Kalle Schmidt)
 Après Quequertarsuaq, bourgade installée sur 
                    les flancs Sud basaltiques de l'île de Disko, nous faisons 
                    escale à Ilulissat avec son port encombré de 
                    pêcheurs pressés et de glaçons, ville 
                    agitée aux allures d'un Chamonix du Groenland. C'est 
                    commode et moyennant un peu de patience on y trouve quasiment 
                    tout, au prix fort évidemment. Cette escale nous permettra 
                    de parfaire notre préparation. Mais plus important, 
                    le hasard nous fait amarrer à couple de Vagabond (lien). 
                    Eric et France nous donnent de précieux conseils et 
                    informations sur la région que nous envisageons pour 
                    notre expédition hivernale     Vagabond et Nanuq (Nanuq et Vagabond à droite) à 
                    couple dans le port d'Ilulissat - août 2015 (photos 
                    Peter Gallinelli / Kalle Schmidt)
 Pendant ce temps leurs 2 filles sont ravies de passer la 
                    journée en compagnie de nos jeunes navigateurs. Plus 
                    tard, les douanes se présentent à bord, inquiets 
                    de voir notre stock de nourriture pour chiens empilé 
                    sur le pont: pour préserver la lignée groenlandaise 
                    l'importation de chiens est strictement contrôlée; 
                    tout animal venant d'ailleurs doit être castré! La journée passe trop vite entre avitaillements et 
                    visites de la ville et des trois voiliers d'expédition 
                    à quai: Vagabond(*), Atka(**) et Nanuq(***) - tous 
                    les trois regorgent d'idées et de détails inhabituels, 
                    ce sont des laboratoires d'innovation flottants. A 22 UTC. 
                    En partant, un ouvrier de la pêcherie nous offre un 
                    grand sac de crevettes groenlandaises ... elles sont délicieuses 
                    et les 15kg de marchandise marqueront nos repas matin, midi 
                    et soir durant les jours suivants. Aaprès une grosse journée à arpenter 
                    rues et escaliers, nous larguons les amarres pour quitter 
                    le bruit et l'agitation de la ville et laissons Ilulissat 
                    derrière nous dans le brouillard et le sillage ... 
                    devant l'étrave, des glaces, des terres inhabitées 
                    et une nature intacte et omniprésente. A partir d'ici 
                    les cartes de navigation détaillées laissent 
                    la place à des plans succincts et schématiques. 
                    De plus en plus nous ne pouvons compter que sur nos propres 
                    ressources et notre capacité à être indépendants. Histoire à suivre! [1] Sila (définition de l'ouvrage 'Tupilak', édition 
                    Tinok) : Sila est un concept qui représente l'ordre 
                    du monde lui meme, soit du cosmos. Silak contrôle tout, 
                    des marées à la vie humaine. C'est une force 
                    particulière qui ne peut être expliquée 
                    en quelques mots [...] : c'est un esprit puissant, celui qui 
                    sauvegarde l'univers, le temps, toute la vie terrestre. Il 
                    est tellement formidable qu'il ne parle pas aux hommes avec 
                    des mots ordinaires, mais par l'intermédiaire des tempêtes, 
                    de la chute de neige, des averses et du déchainement 
                    de la mer, soit toutes les forces que les hommes redoutent 
                    ou bien par l'intermédiaire du soleil, du calme de 
                    la mer ou des petits enfants jouant innocemment sans rien 
                    comprendre. Sila est aussi la raison [...]. Quand les choses 
                    vont bien, Sila ne se fait pas entendre et disparait dans 
                    son néant infini tant que les hommes n'abusent pas 
                    de la vie et respectent leur nourriture quotidienne. Personne 
                    n'a jamais vu Sila et l'endroit où il se trouve est 
                    si mystérieux qu'il peut être ici et infiniment 
                    loin en même temps. (*) 
                    reste Vagabond...(**) Périple 50
 (***) Intégral 60
 
                     
                      |  Mouillages:
 () Sydbay : 67°13'N 53°53'W. Contrairement 
                          aux instructions du guide Imray, le mouillage au N est 
                          de tenue insuffisante pour un vent du S de 20 noeuds 
                          (algues abondantes), les profondeurs importantes. Nous 
                          décidons de mouiller proche de l'île de 
                          Ukivik dans 12m fond de sable de très bonne tenue. 
                          La visite de l'île est à recommander: la 
                          vue depuis le phare est belle et la maison en tourbe 
                          encore en bon état à coté de la 
                          cabane des chasseurs en vaut la peine. (*) Ikerasarsuq : 68°08'N 53°27'W. Fonds non-adaptés 
                          au mouillage (profonds, rocheux), mais il y a un petit 
                          quai adapté à un accostage temporaire. 
                          Le village se trouve à l'écart de la 'route 
                          touristique'. (**) Hunde Ejland : 68°52' 53°07'W. Village 
                          sur un archipel situé à l'entrée 
                          de la baie de Disko. Accès du petit port par 
                          le chenal N/S à l'E de l'archipel, puis viser 
                          le petit quai à l'W. Hauts fonds de 6m. Eviter 
                          les roches évidentes. Un village peu visité 
                          au milieu de nulle part. Particularité, la production 
                          d'eau potable par osmose inversée...  Joli mouillage à 5 milles au N de Ilulissat 
                          dans une petite crique entaillée dans la côte 
                          S de Bredebugt : 69°16'N 50°58'W. Bonne tenue 
                          sur fond de 6-8m au fond de la crique. Côte accore 
                          5m. Largeur limitée; prévoir eventuellement 
                          des aussieres à terre. |  
   
                     
                      | ETAPE 
                        4: 630 milles : équipage 7 : 13 jours |   
                      | 
 
 |   
                      | Source fond : Atlas du Canada 
                        - La région circumpolaire Nord - atlas.gc.ca |  Etape 
                    4 : La longue route du Nord - suite (14 août 
                    2015 - update) Le point 
                    nous indique 66°33' de latitude Nord : nous franchissons 
                    le cercle polaire arctique. L'évènement est 
                    dignement fêté. Aussi symbolique que l'équateur, 
                    ce passage nous fait basculer définitivement en arctique. 
                    Depuis quelques jours la verdure (toute relative) a progressivement 
                    laissé la place à un monde plus minéral, 
                    primaire, brut, inhospitalier. A présent, nous risquons 
                    de rencontrer Nanok, l'ours blanc, au détour d'une 
                    promenade. Nous sommes armés de feux à mains, 
                    mais devrons nous équiper d'une carabine à la 
                    prochaine escale. Le cercle 
                    polaire arctique marque aussi la fin définitive de 
                    la culture agricole et le début des chiens de traineau, 
                    interdits plus au Sud. Nous trouvons le Groenland des chasseurs.  Nanuq mouillé dans un décor minéral somptueux, 
                    à quelques milles du cercle polaire arctique, voir 
                    *** (photo Peter Gallinelli)
 La route 
                    est longue, mais nous avons du temps. Avec une moyenne journalière 
                    de 60 milles nous suivons presque un rythme de croisière. 
                    Ici le vent suit la côte. C'est simple: vent de face, 
                    vent arrière ou pas de vent. Un cocktail de conditions 
                    bien éloigné de l'idéal pour un voilier. 
                    Selon les conditions, nous choisissons de naviguer au large 
                    en tirant des bords de près ou de largue ou, quand 
                    le vent est en panne, en suivant la route intérieure 
                    par les innombrables îles, parfaitement abritée, 
                    mais nécessitant une attention à chaque instant 
                    pour ne pas s'égarer de l'étroite route qui 
                    évite hauts-fonds et écueils; souvent la côte 
                    est à distance de toucher.      Ruines d'une industrie d'une époque révolue, 
                    maison abandonnée, isolation en laine de verre d'il 
                    y a un demi-siècle (photos Peter Gallinelli)
 L'escale 
                    à Nuuk se révèle intense et efficace 
                    et à quelques détails près, nous pouvons 
                    réunir les équipements manquants, à commencer 
                    par le 3ème tiers de notre stock de nourriture, grace 
                    à l'aide de l'équipe du principal importateur 
                    et grossiste de nourriture du Groenland à même 
                    du quai actif du port. C'est notre carburant humain, élément 
                    de base essentiel pour un hiver en autonomie! Nous évitons 
                    les plats préparés et surgelés. L'essentiel 
                    est fait de nourriture de base, tels que riz, légumineux, 
                    farine, huile, beurre, sucre ... beurre de cacahouète, 
                    miel et confitures et un gros stock de pain Wasa. Nous comptons 
                    mettre du 'beurre dans les épinards' en pêchant, 
                    éventuellement en chassant... d'ailleurs nos premières 
                    prises sont exceptionnelles: 2 jours, 2 essais, 2 prises. 
                    Il faudra maintenant apprendre à varier les recettes!    Pèche du jour; que ceux qui n'aiment pas le poisson 
                    s'y tiennent bien. Décor alpin; neige au niveau zéro 
                    (photos Peter Gallinelli)
 Dans peu 
                    de temps nous frapperons nos amarres sur le quai de Sisimiut. 
                    Une étape qui s'achève et le temps d'une nouvelle 
                    aventure qui commence avec un nouvel équipage. En effet, 
                    toutes les 2 semaines notre parcours passe par un lieu stratégique 
                    pour une escale technique, de ravitaillement en nourriture 
                    fraîche et permettant une recomposition aisée 
                    de notre équipage. Ces escales peuvent être ralliées 
                    en navire ou en avion. Si l'équipe de base suit l'intégralité 
                    du parcours, cette possibilité ouvre des opportuntés 
                    d'embarquement à de nombreuses de personnes pour une 
                    étape. Ainsi, la géométrie de notre équipage 
                    change à chaque escale, occasion de nouvelles rencontres 
                    et une belle manière de partager une aventure. Le temps 
                    de nous équiper d'une arme en prévision d'une 
                    rencontre avec Nanoq, l'ours blanc que nous côtoyerons 
                    dans le nord et de la tester sur le champ de tir communal, 
                    et nous voici repartis. Ainsi 
                    Sisimiut marque la fin d'une étape et le début 
                    d'une nouvelle: neige fraîche à 500 mètres 
                    d'altitude, il fait 5°C sur le pont. C'est l'été! 
                     
                      |  Mouillages:
 (*) 
                          Dans le coin N de la baie de Tovkussaq : 64°52.8'N 
                          52°11.8'W. Fond de bonne tenue 5-10m. Cascade pour 
                          faire le plein d'eau à l'W. Il y a un taquet 
                          d'amarrage pour une aussière à terre. (**) 
                          Dans le coin NNE de la baie de Tasuissaq : 65°34.8'N 
                          52°46.2'W fond bonne tenue, env 10m. Très 
                          belle rando sur l'arrête de roches arrondies avec 
                          une vue spectaculaire vers l'W. A proximité de 
                          Manitsoq. Belles possibilités en montagne (très 
                          alpin). (***) 
                          Iserkuq (fjord). Plusieurs mouillages, dont 'Jak's Bay' 
                          : 66°07.4'N 53°36.4'W. Fond bonne tenue 18m 
                          vers le S de la baie. Petite cascade avec petit anneau 
                          métallique pour aussière à terre. 
                          Paysage très austère et minéral. |    Etape 
                    4 : La longue route du Nord (6 août 2015) A peine 
                    largué les amarres du quai de Narssasuaq, Nanuq taille 
                    sa route, d'abord plein Ouest pour quitter la douceur estivale 
                    des fjords du SW, ensuite en longeant la côte qui s'infléchit 
                    au NW en passant par la route intérieure, tant que 
                    le vent nous fait défaut. L'équipage redécouvre 
                    la houle à l'approche de la mer ouverte. Prochaine 
                    escale, Paamiut: ville de 1600 âmes en déconstruction 
                    de ses immeubles implantés dans les années 60, 
                    obsolèts, truffés d'amiante, garantie d'une 
                    misère humaine assurée. Comme dans d'autres 
                    parties du monde, le modèle standard de la modernité 
                    et du logement industriel fait des ravages.  Paamiut - immeubles dignes d'une urbanisation d'après-guerre 
                    bâclée importée d'Europe (photo Kalle 
                    Schmidt)
  Le temps 
                    de refaire quelques vivres fraîches et 2 heures plus 
                    tard nous repartons. Le Nord est notre objectif! A la tombée 
                    du jour nous mouillons au pied d'un village d'une dizaine 
                    de maisons, confiant de rencontrer des villageois. Notre déception 
                    sera grande de constater qu'il s'agit d'un village fantôme. 
                    Quelle catastrophe a pu faire partir ces gens? Un monstre, 
                    un massacre? Jadis vivant avec une pêcherie, une église, 
                    des infrastructures et un système radio il ne reste 
                    que rouille et ruine. Les portes de quelques maisons sont 
                    ouvertes. Nous découvrons des intérieurs abandonnés 
                    à la hâte jusqu'au contenu du garde-manger et 
                    la brosse à dents... Ici le temps fait son travail. 
                    Il se débarrasse efficacement des anciens avant de 
                    démonter pièce par pièce l'oeuvre des 
                    hommes. Les jeunes n'habitent plus ici. Un proverbe Inuit 
                    rappelle de façon poignante 'Siku Silalu kisimik naalagaapput' 
                    : 'Seuls la glace et le temps sont maîtres'. Départ 
                    matinal dans une brume épaisse. En voyant à 
                    peine plus loin que l'étrave du bateau nous nous tâtons 
                    prudemment au radar et au sondeur. Chaque jour notre estime 
                    grandit pour les navigateurs d'antan qui s'aventuraient dans 
                    ces eaux sans cartes, sans prévision météo, 
                    sans instruments de pointe, mais qui possédaient sans 
                    doute une expérience et une connaissance dont nous 
                    avons oublié l'existence et une arme dont nous avons 
                    perdu l'usage: le temps. Le temps d'attendre des conditions 
                    favorables. Seulement une fraction de ce savoir est résumé 
                    dans les instructions nautiques. Ce brouillard 
                    se transformera progressivement en brume lumineuse baignée 
                    par le soleil. Nous progressons sur une mer d'huile qui se 
                    confond avec le bleu clair du ciel. Notre monde de la taille 
                    d'une encablure (~200m) semble statique, le temps arrêté. 
                    Rochers et hauts fonds surgissent comme par magie à 
                    proximité du bateau, tels que prévu par les 
                    cartes et les instruments. Nous mouillons l'ancre sur un fond 
                    de sable au milieu de nulle part. Nous nous découvrons 
                    au pied de Sioqquap Sermia, une plage à perte de vue 
                    au pied de l'immense front de glace de l'inlandsis groenlandais 
                    qui nourrit ce delta d'alluvions et de sables.  Le Sioraq - du sable à perte de vue (photo Peter Gallinelli)
 Quelques 
                    timides pas à terre nous feront prendre la mesure de 
                    l'immensité de l'endroit et en même temps de 
                    notre petitesse et vulnérabilité dans ce monde 
                    à la fois hostile et d'une beauté à couper 
                    le souffle... Enfin, une connexion à Nuuk au SjömandsHjem. 
                    Aussi des douches chaudes et une laverie. Un lieu à 
                    recommander. Escale technique, il nous faut réunir 
                    les derniers avitaillements! Des nouvelles pour bientôt 
                    ... 
                     
                      | Mouillages: (*) 
                          Siorak : 62 28.8'N 50 19.0'W. Mouillage sur fond de 
                          sable à l'abri des îlots. Possibilité 
                          de débarquement pour une brève visite 
                          des sables. La route intérieure est exposée 
                          à une mer déferlante en cas de houle ou 
                          vent du large. Difficile à suivre car manquant 
                          de repères. Les cartes sont peu précises 
                          et décaleés par rapport à la position 
                          GPS ... prudence. |  
   
                     
                      | ETAPE 
                        3 : 1060 milles : équipage 11 : 16 jours |   
                      | 
 
 |   
                      | Source fond : Atlas du Canada 
                        - La région circumpolaire Nord - atlas.gc.ca |  Etape 
                    3 : Le Sud-Ouest (6 août 2015) Après 
                    6 jours de mer, changement de style radical: pendant 10 jours 
                    consécutifs notre bateau se transforme en refuge de 
                    montagne itinérant, ralliant de multiples points de 
                    départ à des randonnées alpines aventureuses 
                    sur des terres sauvages et contrastées tantôt 
                    verdoyantes, tantôt rocheuses ou glaciaires de la région 
                    qui fut la terre d'accueil d'Eric Le Rouge et d'une culture 
                    agricole voici ... un millénaire. Notre 
                    carte topographique couvre un territoire grand comme la Suisse. 
                    Les possibilités alpines sont pratiquement inépuisables 
                    à un point de décourager même le montagnard 
                    passionné à gravir tous les sommets: le plus 
                    difficile étant de choisir où commencer, le 
                    proverbe 'choisir c'est renoncer' prend toute sa dimension. 
                    C'est du terrain d'aventure: il n'y pas de sentier et les 
                    cartes sont sommaires. Ce qui apparaît comme une promenade 
                    se révèle un terrain avec de nombreux obstacles, 
                    souvent infranchissables, nécessitant une bonne connaissance 
                    de terrain, de l'endurance et de l'autonomie.  Nanuq au mouillage dans Stephensens Havn (photo Peter Gallinelli)
  Les nuits, 
                    souvent claires, nous donnent l'occasion d'un givre nocturne 
                    sur notre igloo et d'une pellicule de glace neuve sur l'eau 
                    du fond des fjords: l'eau de fonte, non saline, flotte à 
                    la surface de l'eau de mer, plus dense, et gèle facilement. 
                    A ces moments nous apprécions particulièrement 
                    le confort de l'isolation parfaite de notre igloo. Par ailleurs, 
                    les eaux éloignées de quelques milles d'un apport 
                    d'eau de fonte glaciaire est déjà à +10°C, 
                    proche de celle que l'on peut trouver au nord de la Scandinavie. 
                    Ainsi, il est encore trop tôt pour entamer la roue de 
                    Compté qui attend au frais en fond de cale, acheté 
                    à la fromagerie dans le Jura au mois de juin. Fin d'étape pour 4 de nos valeureux coéquipiers 
                    à l'aéroport de Narsarssuaq. Ce dimanche 2 août 
                    il y règne un calme surréaliste. Il y fait chaud 
                    et très sec. Une impression d'abandon et de fin de 
                    monde plane sur ce lieu qui s'appelle un peu prétentieusement 
                    le 'Hub du Groenland du Sud'.      Découverte au pied de la calotte glaciaire - Source 
                    chaude thermale avec 'dressing' - Temps pour bricoler (remarquez 
                    le soleil et le T-shirt) (photos Kalle Schmidt)
 Le hasard 
                    nous fait rencontrer Agathe, française exilée, 
                    qui exploite avec Kalista, son mari groenlandais, une des 
                    37 (!) exploitations agricoles du Groenland, toutes situées 
                    dans la région du Sud-Ouest (http://www.ipiutaq.gl). 
                    C'est un pays pour des gens qui possèdent la trempe 
                    pour vivre en autarcie et qui acceptent des longues périodes 
                    de solitude. Si cette 
                    région possède certaines similitudes avec la 
                    Scandinavie, l'absence de l'homme est marquante. En contrepartie, 
                    les rares villages contrastent avec la pureté inviolée 
                    de la nature omniprésente. Ici s'accumulent mégots 
                    et machines abandonnées. La vidange des quelques utilitaires 
                    rouillés qui sillonnent la seule rue se fait à 
                    même le sol. Les égouts s'écoulent dans 
                    la mer à l'état brut et l'odeur de la décharge 
                    municipale se répère de loin. Tout semble être 
                    fait de bric et de brac tandis que les petites maisons colorées 
                    en bois d'importation danois dressés sur de solides 
                    socles en béton armé et les citernes de gasoil 
                    font office de déclaration de dépendance à 
                    la société 'moderne' qui semble encore plus 
                    décalée en contraste avec le décor... 
                     
                      |  Mouillages:
 (*) 
                          Qaleragdit Ima : 60°59.4'N 46°40.4'W. Mouillage 
                          au pied d'un camp de touriste temporaire, cependant 
                          peu gênant. Belle vue sur la calotte. Bonne tenue 
                          par 15m fond de sable et limon. D'autres mouillages 
                          plus près du fonds du glacier sont possibles 
                          sur la rive droite du fjord. PS: le pied du glacier, 
                          peu actif, est 2M au N de la carte. (**) 
                          Petite baie profondement encaissée parfaitement 
                          protégée : 61°00.1'N 46°34.9,W. 
                          Mouillage par 10-15 de fond. Accès à la 
                          baie par l'E: passe d'accès très étroite, 
                          4m de fond à pleine mer. Rester au milieu de 
                          la passe et veiller aux hauts-fonds qui débordent 
                          des deux cotés. (***) 
                          Ipiutaq : mouillage au pied d'une ferme d'élevage 
                          de mouton sur la rive N du fjord qui mène à 
                          Narsarssuaq : 60°58.3'N 45°42.7'W.Fond bonne 
                          tenue, petit embarcadère, profondeur 25m au milieu, 
                          remontant à 5m près du bord. Prendre rendez-vous 
                          avec Agathe pour organiser un repas culinaire (http://www.ipiutaq.gl). |    Etape 
                    3 : Atterrissage au Groenland (25 juillet 2015) Il est 
                    7h du matin UTC - terre en vue ! La glace racle le long des 
                    bordés renforcés de notre coque. Impression 
                    du moment: à tour de rôle chaque équipier 
                    qui se réveille pousse un cri de joie! Un spectacle 
                    splendide se dévoile sous nos yeux. Nous voici au pied 
                    d'un monde où la mer et la montagne se rejoignent - 
                    le rêve absolu de tout montagnard-navigateur.  Atterrissage sur la côte Est du 
                    Groenland, elle s'avèrera hélas inaccessible 
                    (photo Kalle Schmidt)
 Si les 
                    600 milles nautiques de traversée ont été 
                    avalés en trois jours, nous passons deux jours à 
                    essayer de nous frayer un passage à travers la ceinture 
                    de glace pour joindre la terre. Elle s'offre furtivement à 
                    notre vue, à la manière d'un mirage. Car le 
                    reste du temps il règne un brouillard dense et la visibilité 
                    est réduite à une centaine de mètres. 
                    Dans ces conditions le radar et le compas sont des alliés 
                    sans prix. L'eau est à 1.5°C et l'air saturé 
                    en 'humidité suit de près - ça nous change 
                    des conditions estivales Islandaises (10°C).   Débarquement sur la banquise; au loin notre compagnon 
                    de route, Nanuq (photo Peter Gallinelli)
 Ainsi va notre 6ème jour de mer: par moments nous 
                    progressons au pas en poussant les morceaux de glace par l'étrave 
                    renforcée de notre bateau tout en veillant de ne pas 
                    toucher safrans ou hélice. Le calme plat et l'absence 
                    de mouvement donnent une impression d'apesanteur. Le temps 
                    est figé. Le ciel et la mer se confondent. Quelques 
                    phoques qui se reposent sur les floes nous observent d'un 
                    oeil curieux, hésitent de faire durer la sieste ou 
                    de plonger ... ne sait-on jamais. Ces conditions sont idéales 
                    pour une première visite du 'sol' groenlandais en embarquant 
                    sur un floe. CLIC 
                    = ZOOM
       Navigation autour du Kap Farvel - encore beaucoup de glace 
                    cette année (photos Peter Gallinelli, Alain Berthoud).
 A 60° de latitude Nord la nuit dure 4 heures et nous 
                    oblige de mettre à la cape en attendant l'aube car 
                    il serait imprudent de s'aventurer dans la glace sans visibilité. 
                    Les quarts de veille continuent en dérivant au gré 
                    du courant qui longe la côte pour guetter la glace qui 
                    peut apparaître à à tout moment. Depuis la plage arrière du bateau nous larguons la 
                    première bouée météo embarquée 
                    à Reykjavik pour le compte de Météo-France. 
                    Ces équipements de pointe qui intègrent de nombreuses 
                    sondes physiques participent à une connaissance sans 
                    précédent de notre environnement, dont les mécanismes 
                    qui influencent le climat ou pragmatiquement les prévisions 
                    météo qui rendent la navigation plus sûre 
                    que jamais, en particulier sur des unités de petite 
                    taille, telle que la nôtre (voir 
                    science...).     Larguage d'une bouée météo dérivante 
                    SVP 59°48'N 42°05W | Navigation au RADAR : floes sur 
                    tribord et à iceberg, bien visible à droite 
                    (photos Alain Berthoud, Peter Gallinelli)
 Encore quelques milles pour nous faufiler dans le premier 
                    mouillage et nous mettrons enfin pied sur le sol groenlandais. 
                    Le pavillon de courtoisie flotte sous la barre de flèche 
                    tribord depuis ce matin. Prochaine escale Nanortalik pour 
                    un ravitaillement en nourriture et, avec un peu de chance, 
                    un web-café pour poster les News!   Etape 
                    3 : Traversée vers le Groenland (22 juillet 
                    2015) 600 milles 
                    nautiques (1100 km) séparent l'Islande du Sud-Est du 
                    Groenland. Nous partons sur des conditions musclées: 
                    30 noeuds annoncées qui souffleront finalement en 35 
                    à 40 noeuds, un bon coup de vent de Nord. Au 3ème 
                    ris et sous trinquette Nanuq trace constamment sa route sur 
                    une mer formée. Occasionnellement un paquet de mer 
                    arrose copieusement l'équipe de quart qui barre et 
                    veille dehors. Malgré quatre équipiers atteints 
                    d'un mal de mer passager, c'est loin d'être du gros 
                    temps, mais plutôt un magnifique jeu entre les vagues 
                    dont bon nombre dépassent la hauteur du bateau (3-4m). 
                    Nous sommes rassurés de voir à quel point un 
                    bateau flotte bien! Alors que le vent siffle dans le gréement, 
                    la cabine de Nanuq est un havre de paix.  Mer et ciel - coup de vent au SE de l'Islande (photo Peter 
                    Gallinelli)
 En quittant 
                    l'Islande nous installons les capteurs de PCB atmosphérique 
                    et aquatique qui nous ont été expédiés 
                    à Reykjavik. Les dosages se font à l'aide absorbeurs 
                    passifs pour le compte du LCME de l'Université Savoie 
                    Mont-Blanc. Ils serviront à préciser le rôle 
                    de l'océan vis à vis de ces micropolluants organiques 
                    persistants : source ou puits de PCB atmosphériques? 
                    (voir science...)    Mise en oeuvre d'appareils de mesure de PCB, Islande 64°02'N 
                    22°58'W (photos Alain Berthoud)
 Comme 
                    prévu, le vent et ciel bas laissent la place à 
                    un temps calme, presque trop, car nous mettons en route le 
                    Diesel pour nous affranchir d'une zone anticyclonique ensoleillée 
                    qui nous offre des petites brises à peine exploitables 
                    et une mer d'huile. L'horizon semble sans limite. Nous sommes 
                    réduits à un point infime au milieu d'un univers 
                    infini. Cependant, à bord de ce point infime s'organise 
                    une vie agréable, coupée du monde et du temps 
                    - régulièrement l'un ou l'autre réalise 
                    d'en avoir perdu la notion. Sommes-nous le matin, le soir? 
                    Quel jour sommes-nous? Aujourd'hui est le 3ème jour 
                    de notre traversée. Les quarts se suivent selon un 
                    rythme parfait entre sommeil, lectures, dessin, écriture, 
                    composition, musique, repas communs, pain frais, salade et 
                    havregryn (flocons d'avoine), discussions, bricolages ... 
                    et barre. Car, si 
                    barrer suppose de rester dehors par tout temps, il y a aussi 
                    des récompenses: Nanuq est régulièrement 
                    accompagné de dauphins et de grands mammifères 
                    marins, encore trop furtifs pour être identifiés, 
                    vraisemblablement des baleines à bosse, immenses et 
                    intriguées de voir passer un voilier par là.  La terre 
                    est à 100 milles; plus que tout, l'équipage 
                    est à présent impatient d'apercevoir les premiers 
                    sommets glaciaires du Groenland... à suivre!   Etape 
                    3 : Départ pour le Groenland (19 juillet 2015) Le nouvel 
                    équipage est à bord et profite d'une dernière 
                    visite de la piscine municipale: eau chaude à volonté! 
                    Les paquets avec les équipements scientifiques sont 
                    arrivés et les bouées météo embarquées. 
                    Le programme peut enfin commencer.     Imram et Nanuq réunis en Islande 
                    (photo Kalle Schmidt) - bateaux de passage et nouveaux 
                    amis au port de Reykjavik (photo Victor Guillot)
 Rencontre 
                    épique avec notre ancien compagnon de route, Imram 
                    (photo de gauche). Sous le pavillon de son nouveau capitaine, 
                    il attend l'arrivée de son équipage en Islande 
                    en prévision d'une visite de la côte Est du Groenland 
                    cet été (http://www.imram.fr). 
                    Occasion d'une visite et grand moment de nostalgie qui nous 
                    rappelle des années d'aventures passées (http://voyage.sailworks.net).  A présent 
                    nous voici à la pointe ouest de l'Islande, parés 
                    à larguer les amarres pour une traversée de 
                    plus de 500 milles où nous serons coupés du 
                    monde. Atterrissage sur la côte est du Groenland prévu 
                    dans 4 jours. A l'heure où j'écris ces lignes 
                    l'accès est encore interdit par la ceinture de glace 
                    qui dérive le long de la côte, charriant de la 
                    glace en provenance de la banquise polaire arctique. Des nouvelles 
                    dans 3 semaines! A bientôt! 
   
                     
                      |  ETAPE 
                          2 : 960 milles : équipage 11 : 12 jours |   
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                      | Source fond : Atlas du Canada 
                        - La région circumpolaire Nord - atlas.gc.ca |  Etape 
                    2 suite : Tour de l'Islande  (15 juillet 2015) Si la 
                    route du Sud est bien plus directe, faire le tour de l'Islande 
                    par le Nord permet de découvrir ses côtes découpées, 
                    ses villages, ses fjords, aussi ses caps réputés 
                    tels que Langanes et le Horn qui tirent leur réputation 
                    des forts courants, des tempêtes et des glaces hivernales. 
                    Nous sommes au mois de juillet, en plein été, 
                    même si nous avons du mal à y croire à 
                    en juger du thermomètre qui s'obstine à rester 
                    en-dessous de 10°C.  Extrait des 'Pilot Charts' américains. 
                    Les roses des vents montrent la fréquence des vents 
                    par secteur, la région de Tassiilaq à l'ouest.
 Les 'Pilot Charts' indiquent la prédominance de vents 
                    du secteur N-E au mois de juillet. Nous en profitons pour 
                    naviguer à la voile avec des vents constants entre 
                    15 et 25 noeuds ... mais froids et humides, nous regrettons 
                    le brouillard persistant et l'absence de soleil. Dans ces 
                    conditions le radar s'avère indispensable pour des 
                    atterrissages en sécurité: avec une visibilité 
                    souvent inférieure à 1 mille nautique, l'entrée 
                    dans un fjord ou une baie abritée ne se découvre 
                    qu'au tout dernier moment.    Approche d'Isafjordur. Excellentes conditions 
                    en entrant dans Isafjardardjup (photos Peter Gallinelli - 
                    Kalle Schmidt)
 Découverte des Fjords du N-W      Plage de sable noir de Hornvik / traversée 
                    plus ou moins mouillée de nombreux torrents / séchage 
                    à l'arrivée à bord de Nanuq (photos Peter 
                    Gallinelli)
 Escales et mouillages à ne pas manquer, les fjords 
                    du N-W sont le coin le plus sauvage et solitaire de l'Islande. 
                    Il est encore possible de s'y perdre pour de bon, surtout 
                    par temps couvert et brouillard. Dans ces conditions une simple 
                    promenade se transforme vite en aventure. Des chaussures étanches 
                    sont inutiles - elle finissent mouillées de toute façon 
                    car les chemins sont rares et il faut traverser marécages 
                    et torrents. Ainsi le retour à bord est un moment fort 
                    apprécié, c'est notre lieu d'accueil confortable, 
                    sec et chaud - il y a boissons chaudes et nourriture! La faune est abondante. Nous observons renards arctiques 
                    et de nombreuses espèces d'oiseaux de mer qui nichent 
                    dans les falaises - à l'abri des premiers, très 
                    friands d'oeufs d'oiseaux. Nous observons furtivement quelques 
                    baleines et sommes accompagnés de dauphins. Les traces 
                    de l'homme se font rares. Ils ont abandonné le territoire 
                    il y a plus d'un demi-siècle à la faveur d'une 
                    vie plus confortable dans la communauté de leurs semblables 
                    réunis dans les villes plus au sud. Les rares maisons 
                    sont encore utilisées en été, quand les 
                    islandais s'y rendent pour renouer avec la nature. Cap enfin sur Reykjavik où notre prochain équipage 
                    nous attend dans quelques jours. Histoire à suivre... Distance parcourue depuis Torshavn : 740 milles nautiques   Etape 
                    2 : Arrivée en Islande (6 juillet 2015) Nous voici bien arrivés à Eskifjordur sur la 
                    côte Est de l'Islande après une traversée 
                    rapide depuis l'archipel des Féroé par grand 
                    frais. Premier mot du capitaine du port: 'Welcome to Iceland' 
                    ... les 5°C contrastent avec la période de canicule 
                    qui s'abat en ce moment sur Genève. Plus besoin de 
                    frigo; le beurre stocké dans la cale du bateau est 
                    dur comme s'il sortait d'une glacière. L'eau est à 
                    5°C. Il neige à 500m d'altitude.  Nanuq naviguant à pleine puissance 
                    par grand frais (extrait vidéo Kalle Schmidt - en train 
                    de prendre une énorme douche)
 Il souffle un vent du Nord frais et froid, inhabituel pour 
                    cette période - il faudra patienter jusqu'à 
                    samedi pour la bascule prévue au NE. Après le 
                    passage et la bénédiction des douanes nous bondissons 
                    sur le sol dur et stable. Randonnée alpine sauvage 
                    sur les sommets encore enneigés des environs (800-1000m 
                    d'altitude) pour les uns, d'autres préfèreront 
                    l'exploration du village et du Wifi local, suivi d'un bain 
                    thermal de plein air à l'Islandaise ... sauna et bassins 
                    au choix de 34 à 42°C. En fin de journée 
                    l'équipage est fatigué et ravi!      Terre en vue / atterrissage Islande 
                    côte Est / rando au-dessus de Eskifjordur (photos Kalle 
                    Schmidt)
 Petits contretemps aussi: Durant la traversée nous 
                    avons heurté un objet flottant à pleine vitesse 
                    (10nd) et endommagé la dérive bâbord ... 
                    heureusement on peut s'en passer, même si les bords 
                    de près tribord-amures seront moins bons. Les habitants 
                    d'Eskifjordur font leur possible pour essayer de trouver une 
                    solution ... ce sera probablement pour Reykjavik. Distance parcourue depuis Torshavn : 300 milles nautiques Des nouvelles bientôt ... 
   
                     
                      | ETAPE 
                        1 : 820 milles : équipage 11 : 9 jours |   
                      |  
                          
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                      | Source fond : Atlas du Canada 
                        - La région circumpolaire Nord - atlas.gc.ca |  Le 
                    voyage commenci ici : Copenhague - Îles Féroé 
                    (6 juillet 2015) A présent Nanuq taille sa route en Mer du Nord, cap 
                    sur Fair Isle, île à mi-chemin entre les Shetland 
                    et les Orkades, au Nord de l'Ecosse. Après une montée 
                    express du Kattegat, une traversée du Skagerrak au 
                    près serré, notre équipage est à 
                    amariné, ou presque... une brève escale sur 
                    la côte Sud de la Norvège nous permet d'attendre 
                    la bonne fenêtre météo tout en nous dégourdissant 
                    les jambes.    Crew Nanuq et ses principaux supporters 
                    à Copenhague / en route enfin - Peter et Christian 
                    à la barre (photos Kalle Schmidt)
 Fair Isle est un lieu magique surgi de nulle part. Les Vikings 
                    qui sillonnaient les mers du Nord l'appelaient "l'île 
                    paisible" - l'équipage ressent clairement cette 
                    appellation. Parmi les dizaines d'espèces d'oiseaux 
                    qui y nichent, l'équipage part à l'exploration 
                    par petits groupes suivi d'une douche chaude et d'une bière 
                    fraîche à l'observatoire ornithologique. Trois jours plus tard: Nous voici bien arrivés à Torshavn aux îles 
                    Féroé. Premier geste en arrivant : de la morue 
                    en abondance et un magnifique filet de saumon offert à 
                    l'équipage. Copenhague et les préparatifs à 
                    Limhamn en Suède semblent déjà si loin, 
                    alors que les derniers préparatifs sont encore en cours: 
                    acheminement de matériel scientifique pour les missions 
                    à venir, réexpédition de paquets égarés 
                    par les transporteurs... 1001 tâches pour parfaire ce 
                    qui nous accompagnera durant une année coupée 
                    du monde car il sera impossible d'improviser ce qui n'aura 
                    pas été prévu! Enfin, changement d'équipage: premiers départs 
                    et nouveaux arrivés, des échanges riches et 
                    'colorés' autant avec les personnes à bord en 
                    nous découvrant peu à peu, mais aussi des rencontres 
                    spontanées: pour la plupart des voiliers rencontrées 
                    (une poignée), des programmes de navigation 'grand 
                    nord' et des personnes intéressantes et attachantes. Articles 
                    plus anciens... |