Blue moon in Nanuq's Cove
Nanuq 2015 : Qaanaaq - Stormy Bay - Embâcle
dans Nanuq's Cove
Région
de Qaanaaq - automne et embâcle |
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Extrait de la carte de navigation Harward
Oer et Qeqertat (© Kort & Matrikelstyrelsen,
Miljoministeriet, Danmark) |
Automne 9 :
Il fait nuit (30 novembre 2015)
Si vous lisez ce message, c'est que la communication avec
Qaanaaq est rétablie. Depuis bientôt trois mois
nous sommes matériellement coupés de monde.
Car en l'absence de lourdes infrastructures la période
d'embâcle empêche toute communication avec le
monde extérieur.
Ceci ne nous a pas empêché de continuer à
documenter la vie à bord et avec plus ou moins de retard
vous découvrirez le récit de la période
d'embâcle à partir de notre dernier message du
28 septembre - 'immaqa' - dans l'ordre chronologique:
Il fait nuit ...
... le mercure s'est rétracté sous la marque
de -30°C. La température moyenne des mois d'hiver
à Qaanaaq est de -25°C; à Qeqertat il fait
deux degrés de moins qu'à Qaanaaq et à
'Nanuq's Cove' il fait trois degrés de moins qu'à
Qeqertat ... En ce moment la pleine lune nous gratifie d'un
jour sans nuit - d'ailleurs, elle ne se couche plus. Le pays
est désormais recouvert d'une fine couche de neige
fraîche, poudreuse et lumineuse: blue-moon, magique!
Nanoq - l'ours blanc - a été aperçu
à l'Ouest. C'est le 5ème qui tente de remonter
le grand fjord. Nous redoublons de vigilance. Les promenades
se font accompagnées de chien, de fusil et de puissantes
frontales. Demain notre stock de nourriture pour chien sera
installé bien en vue à l'entrée de notre
camp. Ainsi l'ours curieux pourra manger à sa faim
en nous laissant le temps de nous retourner - si nécessaire.
Les grands chantiers en plein air sont terminés, ce
qui inclut l'installation de la station météo
qui mesure et enregistre à présent vents, rayonnement
solaire, albédo, température de l'air, de l'eau
et enfin le flux de chaleur qui traverse la banquise (cf.
page science). Les batteries prévus
au départ pour un fonctionnement en autonomie ne tiennent
pas le froid et nous avons du installer la station à
portée de câble du bateau, à une cinquantaine
de mètres.
Crépuscule à midi : Nanuq
et la station météo au premier plan (photo Kalle
Schmidt)
Les aménagements pour accueillir le grand froid sont
terminés. L'excellente isolation d'une part et la chaleur
relative de l'eau sous la banquise d'autre part assurent un
équilibre thermique qui demande peu pour fournir un
habitat confortable. Pendant la 'journée' le petit
chauffage fonctionne par intermittence pour maintenir une
température agréable. Durant les périodes
de sommeil le chauffage est coupé et en l'absence d'activité
à bord la température baisse progressivement
vers 5°C dans le carré et proche de 0°C dans
les cabines. A ce moment, les gros sacs de couchage assurent
une bulle de chaleur protectrice et un repos réparateur
- nul besoin de lutter durant le sommeil pour assurer la thermogénèse.
Le système de récupération et de préchauffage
d'air est étonnant. La capture ci-dessous montre quelques
mesures en cours. L'air frais est pulsé dans la cabine
pratiquement à la même température que
l'air intérieur avec pour seule énergie utilisée
le fonctionnement de 2 petits ventilateurs - quelques Watts.
Le réservaoir de production d'eau potable en sortie
a été supprimé, la température
de l'air rejeté étant trop proche du point de
congélation. Et pour le moment nous disposons de l'eau
liquide en abondance en provenance des lacs - tant que nos
pourrons traverser la couche de glace qui s'épaissit
de jour en jour.
The passive igloo project - capture
instantanée de l'interface RTML (Loggernet). L'air
extérieur (-16.2°C) est aspiré via un tube
immergé qui sert au préchauffage de l'air (-10.1°C)
qui entre dans un récupérateur de chaleur (au
centre) pour en limiter le givrage. Une sonde d'humidité
(HR) régule le débit d'air. L'air frais préchauffé
est introduit dans la cabine (16.8°C). L'air usé
quitte le bateau à une température proche du
point de congélation (1.3°C). (by peter Gallinelli)
Avec le froid le 'passive igloo project' entre enfin dans
sa phase opérative. Son but est de traverser un hiver
arctique en autarcie et sans recours à des énergies
non renouvelables, base d'exploration des possibilités
et des limites de l'habitat de demain qui sera nécessairement
passif. Nous nous sommes cependant fixés à ne
pas nous obstiner à atteindre cet objectif par une
surenchère de technologie, car ce serait un luxe trop
exclusif. Il s'agit plutôt de réduire la dépendance
aux énergies non-renouvelables de manière radicale
en explorant de préférence des solutions robustes,
intelligibles, immédiatement reproductibles et économiquement
viables.
"Une bonne solution est une solution qu'on peut oublier".
S'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions
sur tous les systèmes, l'isolation thermique renforcée
fait unanimement partie des bonnes solutions.
En un mois nous avons consommé à peine un plein
de carburant (50 litres), très peu étant donné
le froid mordant, le peu de vent et les moyens simples pour
y parvenir: une excellente isolation thermique, une éolienne
et un récupérateur de chaleur. Pompe à
chaleur et stock de chaleur ont dû être sacrifiées
en raison de la limite de budget. Ainsi un premier bilan nous
indique que sur le mois passé nous avons absorbé
un flux d'énergie primaire de 250W/personne pour satisfaire
aux besoins du chauffage, l'éclairage, les appareils
électriques, l'eau chaude et la cuisine. C'est 10 fois
moins que la moyenne suisse alors que notre température
extérieure était de près de -20°C.
Au-dessus de 0°C (c'est la température du mois
de janvier sur le plateau suisse) le chauffage, plus gros
consommateur, n'est plus nécessaire. L'hiver à
venir nous en apprendra sur ces systèmes dans la durée
et dans les conditions les plus sévères. Nous
sommes impatients!
Blue Moon : pleine lune (ou presque)
sur la banquise. Nanuq dans son élément. 25
novembre | 77.5°N | -25°C (photo Kalle Schmidt)
Ainsi, nous nous enfonçons progressivement dans l'hiver
arctique froid, sombre et magique. Ce sera probablement notre
dernier message avant la fin de l'année. Un dernier
message qui prendra la route demain, à l'occasion de
notre prochaine visite au village. Une longue route semée
d'incertitudes. Notre chez nous est à présent
à bord de Nanuq. Nul retour possible en arrière.
Alors nous regardons en avant et vers les aventures à
venir. Il nous reste à mettre en place quelques capteurs
qui garderont un oeil critique sur ce que nous vivons de façon
parfaitement subjective. Les deux méthodes se complètent.
Nous sommes ici pour en apprendre sur l'habitat et ses habitants
- nous - dans un environnement peu commun.
Pour nous, Team Nanuq, l'idée de passion concerne
l'expérience de nouvelles couleurs et parfums, la rencontre
avec les autres, la nature et nos limites. Notre
moteur sont un vif intérêt pour ce qui se cache
derrière l'horizon, la soif de comprendre et la curiosité
d'innover et de tenter des nouvelles choses - et à
ce titre nous sommes comblés.
Les défis du moment sont:
- la gestion du sommeil : décalage croissant naturellement
de 45 minutes par jour...
- la gestion de l'énergie en situation de vent nul
(10+ jours)
- la rupture de communication avec Qaanaaq et le reste du
monde
Tout va bien à bord :-)
Nous vous souhaitons de très belles fêtes et
un magnifique hiver.
Bai- takussagut (*)
Peter & crew
(*) Kalaalit ('baï takouch') = à bientôt!
Automne 8 :
Travaux sur la banquise (20 novembre 2015)
Grosse chute du baromètre - troisième coup
de vent du Sud. Après un avant-goût d'hiver avec
une période à -20°C et les premières
aurores boréales, le ciel est bas, le vent souffle
en rafales de 50 noeuds et la température est positive.
Oui, ce vent apporte de l'air tempéré de bien
loin. Libéré de ses aussières à
terre, Nanuq est cependant parfaitement protégé
dans son berceau de glace. Les rafales nous font giter de
quelques degrés, à peine perceptibles. Notre
'mouillage' est parfait!
Rigide comme de la tôle il y a encore quelques jours,
nous profitons du chaud pour plier définitivement l'annexe
pneumatique devenue inutile, mais qui nous a servi encore
récemment car la banquise a du mal à se former
à proximité de la terre à cause du marnage
- près de 3 mètres en vives eaux (pleine et
nouvelle lune). A présent il suffit de sauter d'un
glaçon à l'autre en prenant garde de ne pas
s'enfoncer dans les interstices de glace molle.
Nous venons de finir d'installer le prototype de ventilation
de notre 'iglou'. Si d'une part l'oxygène est indispensable
pour assurer la survie des occupants (!), l'humidité
doit être évacuée pour empêcher
la cabine de se transformer en grotte humide et insalubre.
Cependant, de ventiler sans précaution ferait entrer
le froid dans notre cocon de chaleur. Le système utilise
donc la chaleur de l'eau de mer (-1.5°C) pour le préchauffage
de l'air frais arctique (bien plus froid que l'eau de mer)
suivi d'un échangeur qui préchauffe l'air entrant
en utilisant la chaleur récupérée dans
l'air usé extrait de la cabine. La régulation
se fait en fonction du taux d'humidité de l'air intérieur.
C'est un bon indicateur de présence et d'activité.
Et ça fonctionne à merveille! Nous sommes curieux
d'en apprendre sur la durée.
Nos visiteurs sont bien intrigués par cette installation
à mi-chemin entre technique et tradition : à
la façon d'un filet de pêche le tube est immergé
sous la banquise par un lest fait de pierres et suspendu à
2m de profondeur par des garcettes frappées sur des
taquets de glace (bien visibles sur la photo ci-contre).
Travaux sur la banquise: installation
du puits canadien servant à préchauffer l'air
frais. Le bloc à droite découpé dans
la banquise sert de support de prise d'air. Il donne une idée
de son épaisseur. Avec le froid les blocs se soudent
aisément. (photo Kalle Schmidt)
Travaux à la frontale; par temps
couvert il y a à peine un crépuscule. A droite:
devant l'échangeur l'ordinateur et le microcontrôleur
qui commande les ventilateurs et le système qui prévient
le gel dans l'échangeur de chaleur (photo Peter Gallinelli)
Les défis du moment sont:
- la gestion de l'humidité dans et autour du bateau
- environnement salin, séchage, condensation, points
froids
- l'hygiène et la lessive - les lavages et lessives
sont énergivores et produisent beaucoup d'humidité
- la nourriture - un bon moral culinaire et vitaminé
malgré un régime de base restreint
- la gestion de l'énergie en situation récurrente
de vent faible
Aujourd'hui c'est Byzance. Il y du vent en abondance et l'éolienne
tourne à plein régime. Chauffage et séchages
complets par de petits radiateurs électriques - très
appréciable quand on sort d'une longue période
de calme. Car nous comptons sur une charge par semaine pour
maintenir nos accumulateurs chargées...
L'embâcle est complète. C'est parti pour l'hiver.
Automne
7 : Crépuscule sur Qeqertat (8 novembre 2015)
C'est dimanche au paradis de la glace. Notre Univers ne cesse
de se transformer. Désormais le jour se réduit
à un crépuscule furtif. Depuis quelques jours
le mercure côtoie la marque du -20°C et continue
de baisser. A cette température la glace s'épaissit
rapidement rendant la banquise praticable en toute sécurité
ce qui nous vaut de belles excursions. Avec l'embâcle
les distances se raccourcissent car les routes sur la banquise
sont incomparablement plus directes. Il s'agit à présent
d'habituer nos jambes à la démarche sur la glace
vive et glissante qui nous fait découvrir des muscles
insoupçonnés.
Promenade sur la glace fraîchement
formée: 20cm d'épaisseur pour se déplacer
en sécurité (photos Peter Gallinelli)
Cette nouvelle donne nous vaut aussi les premières
visites de nos amis du village. Ainsi, depuis quelques jours,
notre équipage s'est agrandi d'un membre: Sara, la
chienne de garde groenlandaise que nous prête la jeune
fille de Qeqertat du même nom qui vient régulièrement
nous rendre visite en traineau avec son père pour prendre
la 'kaffi' à bord. C'est l'occasion de cultiver notre
vocabulaire groenlandais.
Les activités de chasse et de
pêche depuis la banquise ont commencés (photo
Kalle Schmidt)
Nous accompagnons Thomas installer son filet de phoque et
nous sommes impressionnés par la simplicité
et l'efficacité de son dispositif; pas un outil ni
de geste superflu. Nous vivons l'illustration vivante d'une
citation d'Antoine de Saint-Exupéry: "Il semble
que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus rien
à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher...".
Comme E = mc2 n'a pas été écrit en un
jour, il a fallu des générations pour parfaire
cette technique. Nous avons beaucoup à apprendre de
ce peuple étonnant et attachant.
Programme scientifique: installation
de capteurs HCB sur la banquise (photo Kalle Schmidt)
Ce dimanche, nous installons aussi les absorbeurs HCB. Le
matériel préparé par l'Université
de Savoie se déploie sans difficulté malgré
le froid mordant. L'arrimage sur la glace est simple: nous
versons un peu d'eau liquide sur les pieds qui se soudent
aussitôt à la banquise - technique d'Inuit! L'installation
restera en place durant l'hiver. L'analyse se fera à
notre retour en Europe, l'année prochaine.
Enfin, nous venons d'inaugurer les pulkas particulièrement
appréciables pour le transport de la précieuse
eau potable que nous récoltons sous la glace d'un des
nombreux lacs d'eau douce à 1km du bateau - c'est bien
plus efficace que de porter un fût de 60 litres à
dos d'homme! Enfin, après une journée passée
à l'extérieur, nous retrouvons le confort à
bord de Nanuq avec grande joie; accueil avec du thé
chaud et bientôt une repas copieux pour reconstituer
les calories brulées en plein air.
Nanuq dans son berceau de glace - 8
novembre. Remarquez les safrans relevé pour éviter
la pression de la glace. (photo Kalle Schmidt)
Les journées se raccourcissent inexorablement. A quoi
donc ressemblera la nuit arctique:
Les tableaux ci-dessous donnent les heures de lever et de
coucher du soleil, de la lune ainsi que les heures de crépuscule
à Qaanaaq / Qeqertat. Nous sommes à 77.5°
de latitude Nord, la région traditionnellement habitée
la plus septentrionale du monde.
On distingue trois types de crépuscule...
schéma
tiré de Wikipedia
qui propose un excellent article
Le crépuscule civil: Il correspond
à la période entre le coucher du soleil et le
moment où il passe de 6° sous la ligne d'horizon.
La lumière est suffisante pour clairement observer
des objets; un éclairage artificiel n'est pas nécessaire.
C'est la définition de crépuscule utilisée
par le grand public.
Le crépuscule nautique: Il correspond
à la période où le soleil passe de 6°
à 12° sous la ligne d'horizon. A ce moment on distingue
de justesse l'horizon, mais la vue devient difficile. Cette
définition remonte à l'époque où
l'on naviguait à l'aide des étoiles. Pour mesurer
la hauteur d'une étoile à l'aide d'un sextant
la ligne d'horizon doit être visible.
Le crépuscule astronomique: Il correspond
à la période où le soleil passe de 12°
à 18° sous la ligne d'horizon. A ce moment le soleil
commence à éclairer l'atmosphère. Au-delà
le ciel est complètement noir.
Ces crépuscules sont visibles à condition de
profiter d'un ciel clair...
Source des données : U.S. Naval Observatory, voir
http://aa.usno.navy.mil/data/docs/RS_OneYear.php
Automne
6 : Nous voilà (5 novembre 2015)
Voici notre planète:
Paysages de glace et pleine lune : elle
ne se couche pas, elle indique le Nord... (photo Peter Gallinelli)
Ce début de Novembre marque la disparition définitive
du soleil. Le crépuscule dure encore longtemps. Les
journées de plus en plus courtes sont un spectacle
de pastels quotidiennement renouvelé. Chaque jour nous
gratifie d'une ambiance nouvelle. La baie, maintenant gelée,
nous donne l'impression d'avoir atterri dans le creux d'un
cratère extraterrestre. Notre bateau ressemble à
un vaisseau spatial échoué là au terme
d'un voyage interstellaire: un vaisseau truffé d'astuce
et des ressources nous permettant de vivre dans cet environnement
à la fois hostile et exceptionnel durant les 10 mois
de solitude qui nous séparent du moment où la
glace nous permettra de repartir ... vers notre monde.
Les températures varient entre -10 et -20°C. Le
congélateur! Nos sorties se font désormais en
épaisses polaires doublées de combinaisons étanches.
Ainsi équipés, nous ressemblons curieusement
à des astronautes, exception faite de l'absence d'un
respirateur, car nous avons de la chance: l''atmosphère
de cette planète est parfaitement respirable et il
suffit de se protéger le visage pour prévenir
une engelure.
Nanuq solidement amarré dans
'Nanuq's Cove' - observez les hauts fonds au milieu de la
crique (photo Kalle Schmidt)
Le sentiment d'isolement est saisissant. En dehors d'une
opération de sauvetage un retour en arrière
n'est pas envisageable. Pendant quelque temps nous ne pouvons
compter que sur nos propres ressources. Ainsi le voyage prend
une tournure de laboratoire d'autonomie - il s'agit de tout
faire avec les moyens embarqués très limités
et ce que la nature veut bien nous offrir. La seule ressource
illimitée est notre créativité.
Par exemple, la notion de déchet a pratiquement disparue.
D'une part parce que nous n'avons aucune place pour accumuler
des immondices. Mais aussi parce qu'il s'agit de matières
utiles, donc précieuses. Ainsi un emballage qui finirait
habituellement à la poubelle devient une matière
première potentielle. Une ampoule électrique
dans un pot de confiture vide devient un corps de chauffe
pour maintenir notre compost à température.
Un panneau isolant devient un matériau de construction
polyvalent. Nombre de pièces viennent de la récupération.
Peu à peu, par nécessité, nous nous approprions
de l'art de la débrouillardise si familière
à la culture inuit, capable de transformer avec génie
des matériaux simples en objets de valeur exceptionnels.
Quel contraste avec le monde du prêt à jeter.
Même l'air usé de la cabine est recyclé.
Nous avons inauguré notre porte à récupération
il y a quelques jours. Ainsi la chaleur et l'humidité
sont valorisées par un échangeur de chaleur.
L'eau de condensation rejoint l'eau douce liquide particulièrement
précieuse en arctique. La chaleur sert à préchauffer
l'air frais avant d'entrer dans la cabine. Un microcontrôleur
s'occupe de la gestion des ventilateurs pour aérer
ce qu'il faut quand il faut et éviter que l'échangeur
ne gèle. Un des nombreux développements pour
le 'passive igloo' que nous testons durant l'hiver. Il ne
nous reste plus qu'à faire passer le tuyau de prise
d'air dans l'eau de mer. Elle ne descend jamais en-dessous
de -2°C. C'est chaud quand il fait froid : -30°C...
Et puis il y a ces dispositifs passifs tels que isolation
thermique ou les vitrages isolants tellement discrets qu'on
en finit par les oublier. Pourtant sans eux cette expédition
serait impensable.
A suivre...
Automne 5 : Embâcle
sur Harward Oer (28 octobre 2015)
Peu à peu Nanuq se transforme d'Umiaq, le
bateau, en Iglou, l'habitat au sens inuit du mot.
Installations, réaménagements, rangements: nos
journées sont bien remplies. Ainsi notre liste des
tâches s'est progressivement raccourcie. Nous rencontrons
aussi des surprises telles des points de condensation imprévus
- malgré une construction soignée. Ainsi le
système de ventilation prend toute son importance,
de même qu'une gestion rigoureuse des sources de vapeur:
lessive, cuisine, nous.
Notre vaisseau, échoué
sur une autre planète - Nanuq en arctique (photo Kalle
Schmidt)
La grande éolienne a trouvé sa place sur son
mat dans le cockpit et elle a commencé à produire
ses premiers kWh. Nous sommes tous émerveillés
de voir comment cet engin transforme un élément
naturel, gratuit, illimité en électricité
précieuse. A présent nous souhaitons du vent
modéré et abondant. Sommes-nous au bon endroit?
Le peu d'éléments connus sur cette région
ne permettent pas d'en faire une prévision fiable.
Nous allons devoir nous accommoder de ce qu'il y aura. Que
ce soit l'abondance ... ou le contraire.
Progressivement nos vivres fraîches s'épuisent
et laissent la place aux légumineux et féculents.
Il nous faut à présent développer notre
créativité pour composer des plats nourrissants
et appétissants à partir d'une variété
d'ingrédients limités. Et ça se passe
plutôt bien. En dehors de quelques occasions, nous avons
éliminé les pâtes, populaires et faciles
à préparer, mais très gourmandes en eau
et en énergie et grande source de vapeur d'eau. En
contrepartie les potages et soupes à base d'haricots,
de lentilles et de pois ont la cote. Faciles à préparer
en cocotte-minute, il suffit de penser à faire tremper
les graines conservées secs quelques heures avant la
préparation. La redécouverte d'un ancien art
de cuisiner, un délice. Notre stock d'épices
en gros pots constitue un élément important
de ce menu.
Chaque dimanche, nous fabriquons 2kg de pain frais pour la
semaine - un moment très apprécié lorsque
le parfum de pain frais et la chaleur du four envahissent
la cabine. Pour les grandes occasions un gâteau ou une
pizza viennent apporter du changement. Ainsi, en dehors d'un
manque croissant de frais, nos menus n'ont rien à envier
à la cuisine terrestre. Hélas, la saison n'est
pas propice à la pêche. Mais ce n'est que passager.
Une fois la banquise formée, notre menu se verra agrémenté
de ce qui constitue la base alimentaire des peuples traditionnels
du Groenland.
La glace - enfin! Nanuq se transforme
en 'iglou' (photos Peter Gallinelli)
Epaisseur de glace : 15 cm. Les visites chez nos amis au
village sont temporairement terminées - nous n'osons
pas trop jouer au brise-glace avec notre annexe pneumatique
pour nous y rendre. La glace toute neuve autorise tout au
plus une première promenade prudente à proximité
du bateau, accompagnée de l'annexe que nous trainons
avec nous - au cas où la couche encore fragile cèderait...
Automne
4 : Baie tempête - Stormy Bay (25 octobre
2015)
Cette nuit nous n'avons pas fermé l'oeil. Prêt
à bondir de nos sacs de couchage nous participons au
spectacle donné par mère nature: symphonie polyphonique
de sifflement aigu dans le gréement, raclement de la
coque dans son berceau de glace encore fragile qui cogne ou
des craquements sourds quand un morceau de glace s'en détache,
une sangle qui frappe, un hauban qui vibre, un objet qui se
déplace quand le bateau gite sous la pression d'une
rafale, les aussières frappées sur de solides
rochers à terre qui craquent sur leurs taquets, neige
et poussières qui sablent la coque... De temps à
autres nous allumons le projecteur de pont qui éclaire
le bateau et les environs pour vérifier si nous bougeons
- car nous ne connaissons pas encore la dynamique de la jeune
glace, prête à partir à la dérive
avec nous. Pour vérifier aussi si l'annexe est encore
là; après plusieurs tentatives d'envol, nous
l'avons amarré retourné sur la banquise sous
le vent du bateau - elle est sage à présent.
Arrivée à 'Stormy Bay'
(photo Kalle Schmidt)
Encore une de ces tempêtes du Sud qui font la renommée
de cette région. Nous y avons été initiés
dès les premiers jours sur l'emplacement que nous pensions
être notre mouillage d'hiver. Nous étions avertis
d'un vent tempétueux sur la calotte glaciaire. La force
annoncée pour notre secteur était de 35 noeuds,
un coup de vent normalement très gérable au
mouillage. Nous avions failli y croire un moment: le mouillage
sur deux ancres et deux aussières à terre semblait
parfait... jusqu'à ce que les premières rafales
s'abattent sur Nanuq, tel un immense marteau. Juste à
temps, nous nous dégageons de l'emplacement exigu pour
mouiller notre ancre à proximité, hors de portée
des rochers à fleur d'eau. C'est maintenant que la
véritable tempête se lève. Malgré
la bonne tenue du mouillage il devient impossible d'encaisser
plus que quelques rafales avant de chasser. Elles dépassent
allègrement 60 noeuds. Sous la pression des plus fortes
- notre anémomètre indique désormais
plus de 70 noeuds - notre mouillage n'a aucune chance. Moteur!
Il fait nuit. Pas question de laisser la voile d'artimon
si utile en place, elle serait déchirée sur
le coup. Le gréement hurle et il est impossible de
communiquer autrement qu'en geulant à pleins poumons
à moins de 2 mètres - notre élégant
langage des signes pour coordonner la manoeuvre du guindeau
est inutilisable dans l'obscurité. A sec de toile Nanuq
se fait coucher jusqu'à plonger les passavants sous
l'eau. La visibilité n'est que de quelques mètres.
Tout est blanc. Le vent souffle maintenant en ouragan et arrache
l'eau à la mer qui s'est transformée en mousse
bouillonnante. La limite entre l'air et l'eau est incertaine.
Nous sommes sur le pont, trempés, en faisant des ronds
dans l'eau en attendant une accalmie... bien que non-fatal,
nous n'avons aucune envie de nous retrouver sur un haut fond
pour y passer l'hiver.
Mais nous profitons aussi de conditions atténuantes:
il fait chaud (0°C), la pleine lune nous octroie le minimum
de visibilité pour distinguer l'ombre de la côte
et notre baie profite d'une parfaite protection de la mer.
Dans les accalmies nous étalons de justesse en marche
arrière. En revanche, Nanuq remonte aisément
contre les éléments en marche avant nous permettant
de nous repositionner dès que nécessaire. Le
diesel ronronne comme si de rien était en montant à
peine les tours. C'est très rassurant!
Aux premières lueurs du jour, le vent tourne progressivement
au Sud, nous permettant d'attraper nos aussières à
terre. Manoeuvre délicate réussie, nous saisissons
le filin salvateur. Oufff! Il est temps de récupérer.
Si l'adrénaline est une arme redoutable - ni fatigue,
ni froid, ni faim et des sens aiguisés - cette dépense
nécessite récompense. Nous dormons enfin en
veillant à tour de rôle. Les rafales diminuent.
Plus que quelques-unes font déclencher l'alarme de
vent fort réglé précautionneusement à
60 noeuds. Au fil de la journée le vent tombe. Nous
constatons les dégâts: parmi coussins et objets
divers, un bol de spaghetti bolognaise décore le plancher
du carré. Les équipets mal fermés ont
rendu leur contenu. Suite au dur labour du fond marin, l'ancre
et la chaine encore toutes neuves la veille sont marquées
de rayures jusqu'au métal nu. Mais Nanuq et son équipage
sont solides - pas une égratignure. Seulement le cairn
dressé à terre la veille a disparu...!
Notre mouillage à 'Stormy Bay',
le jour avant la tempête (photo Kalle Schmidt)
A la lumière de ce que nous avons vus cette nuit,
tout ce que nous avons craint par le passé semble dérisoire.
Aussi, nous changeons de fusil d'épaule: plus question
de laisser le moindre doute quant au choix de notre camp d'hiver.
Nous redevenons nomades pour passer de mouillage de Nord à
mouillage de Sud, selon les conditions. En affinant l'exploration
de la région nous découvrons une minuscule anse,
parfaite. Nous en sommes à nous demander si ce n'est
pas notre voeu qui a fait naître ce mouillage là
où nous étions passés deux semaines auparavant,
sans rien voir.
Ainsi Nanuq est installé entre deux solides aussières
au Nord et deux au Sud. La longueur de tout notre matériel
de mouillage y passe. Nul envie de refaire des ronds dans
la baston, peut-être, voire probablement sans conditions
atténuantes.
Mouillages:
Harward Oer 77°29.5'N 66°33,5'W : s'il existe
de nombreuses possibilités de mouillage dans
le havre naturel formé entrée les deux
principales îles de Harward Oer, le seul qui se
pratique exclusivement à l'aide d'aussières
frappées à terre est celui que nous nommons
inofficiellement 'Nanuq's Cove'. La protection des tempêtes
du Sud est bonne, du Nord raisonnable. Les vents du
secteur E et W sont modérés. Le centre
de la crique est encombré de plusieurs rochers
découvrantà marée basse. Le fond
manque de profondeur, hélas. Il convient de frapper
2 aussières à terre au S et 2 au N près
de l'entrée. Des grosses sangles de levage sont
parfaites pour entourer les rochers à terre.
Il faut compter 200m d'aussière. Les fonds y
sont environ de 3m. Un lac profond a 1km au SE permet
un approvisionnement en eau potable. Les promenades
sont belles et variées. Distance au village de
Qeqertat 2.5km à vol d'oiseau. Nécessite
l'annexe pour traverser la baie.
Les marées de vives eaux sont d'environ 3m,
de moitié en mortes eaux. |
Région
de Qaanaaq : 77° de latitude Nord © worldwind
NASA bluemarble 2014
Automne
3 : Nouveaux murs photos (28 septembre 2015)
Nanuq au mouillage à Qaanaaq
- vue depuis Hotel
Qaanaaq (photo © Hans Jensen)
Un dernier partage avant de quitter Qaanaaq pour de bon:
Amitiés et bientôt,
Peter & crew
Automne
2 : La dernière ligne droite (26 septembre
2015)
Nuit agitée
au mouillage de Qaanaaq. Le vent du nord souffle en rafales
de 40 noeuds en dévalant les pentes au-dessus de la
ville. Le mouillage est exceptionnel, les fonds sont d'une
tenue à toute épreuve, heureusement. Grace à
notre ancre FOB de 40kg et ses 50 mètres de chaine
de 12mm, le bateau encaisse et notre igloo reste un havre
de paix à l'épreuve du temps. Une lune presque
pleine éclaire les icebergs qui défilent dans
le fjord et la poussière qui dévale les montagnes
en contre-jour.
A deux encablures de l'étrave les lumières
de Qaanaaq brillent en guise d'encouragement. Oui, ce lieu
improbable est bel et bien habité. Hostile de prime
abord, les deux semaines passés ici commencent à
nous faire entrevoir ce qui attache les gens ici. Sans aucun
doute nous nous trouvons face à une des plus belles
vues du monde. Hans Jensen, patron de l'incontournable Hotel
Qaanaaq nous le confirme - la vue depuis l'hôtel
est exceptionnelle!
Glace nouvelle - elle repartira, poussée par le premier
coup de vent (photo Jakob Gallinelli)
Quant à l'organisation du quotidien, elle se fait
sans empressement et dans le respect du temps des hommes.
Il n'est pas question de brûler une étape ou
de forcer l'impossible. Ici le temps est respecté et
il y a toujours un moment de société.
Nous nous sentons les bienvenus et nous essayons d'honorer
l'accueil qui nous est offert en donnant en retour ce que
nous pouvons. Les opportunités sont nombreuses pour
échanger et d'en apprendre les uns sur les autres,
que ce soit en faisant notre avitaillement, des petits travaux,
en organisant notre séjour, en visitant l'école,
en participant à une soirée... ainsi des amitiés
se tissent. Nous avons beaucoup de gratitude pour l'accueil
spontané des gens d'ici, de même que pour les
innombrables coups de mains, encouragements et conseils que
nous avons reçus tout au long de notre marche d'approche.
Oui ce pays-continent (bien plus qu'une île) est magique.
Autant par sa géographie que par le peuple qui l'habite.
Nous avons beaucoup à en apprendre.
Collecte de glace pour la production d'eau potable selon la
tradition groenlandaise à partir de glace multimillénaire
exempte de toute pollution (photos Peter Gallinelli)
Hier la bonne nouvelle est tombée: nous avons enfin
le feu vert du gouvernement et des autorités locales
pour hiverner sur territoire groenlandais, ici dans la région
de Qaanaaq. A présent, la voie est libre: en dehors
de la dernière correspondance avant longtemps tout
est prêt. Eh oui. Notre cordon Internet nous
reliant tant bien que mal au monde sera coupé
pour de longs mois. Une véritable cure de désintoxication
nous attend. Si nous avons déjà appréhendé
l'autonomie, Il va falloir réapprendre le courrier
postal - dont une partie voyagera par traineau à chiens
- et les semaines d'attente d'une réponse. Mais n'ayez
crainte; ce blog ne sera pas interrompu pour autant: de temps
à autres nous glisserons une carte SD dans une enveloppe
pour faire partir des mises à jour ... comme le résume
un ami 'une combinaison de rusticité et de modernité
pour atteindre l'efficacité.' Et un retour en
sens inverse est également possible - un suffit de
poster un mot sur ici...
Dans peu de temps Nanuq ira mouiller son ancre dans une baie
parfaite de Harward Oer. Notre bateau se transformera alors
définitivement en iglou - au sens groenlandais : maison.
Fini la houle du large, pétoles et coups de vent et
les incertitudes de la navigation. Place à une nouvelle
aventure, celle de l'apprentissage du froid: un long tunnel
sans possibilité de retour en arrière ... sous
le regard bienveillant des habitants de la région qui
ne nous prennent pas pour des fous, mais souhaitent la bienvenue
à notre initiative. Histoire à vivre...
A vous qui lisez ces lignes, nous vous souhaitons un bel
automne et au plaisir du prochain post ... dans quelque temps.
A bientôt,
Peter & Crew
Automne 1 :
Inglefield Bredning - Qeqertat (15 septembre 2015)
Bowdoin Fjord, fin de saison, région de Qaanaaq, Groenland
(photo Peter Gallinelli)
Si vous lisez ces lignes, c'est que nous sommes de nouveau
à Qaanaaq et la connexion data via la 3G fonctionne
- c'est inespéré - et donc précieux!
Nous espérons pouvoir tenir notre mouillage exposé
au pied de la 'capitale' le temps de cette dernière
escale technique avant l'hiver.
Nanuq au mouillage à Harward Oer (70°30'N); coucher
du soleil après la neige (photo Peter Gallinelli)
Long de 80 milles et large de 10, Inglefield
Bredning est un fjord marquant de la côte NW du Groenland.
C'est aussi ici que la communauté traditionnelle la
plus septentrionale du monde habite depuis la nuit des temps.
800 âmes y vivent, dont 600 à Qaanaaq - ville
artificielle bâtie dans les années 50 par les
forces armées américaines. Le reste est dispersé
sur un territoire grand comme la Suisse! Les principales activités
sont la chasse et la pêche.
Qaanaaq est aussi un lieu incontournable pour
beaucoup d'expéditions, comme nous l'explique Hans
Jensen du petit et seul hôtel de la ville. On y trouve
tout, ou presque, mais il faut anticiper. Le cargo de ravitaillement
ne passe que deux fois dans l'année. L'Arina Arctica
est au mouillage et la barque de chargement fait d'incessants
va-et-vient. Les habitants sont joyeux comme si c'était
noël: il y a des vivres fraîches dans les rayons
du magasin, d'autres installent et testent leur hors-bord
tout neuf! En sens inverse des machines usagées et
conteneurs vides repartent en direction du Danemark.
Mouillage de Kangerdharssuk. Première neige 11 septembre
2015 (photos Peter Gallinelli)
Après une journée technique, et avec l'autorisation
de l'administration locale, nous partons à l'exploration
du fjord. La température est passée en-dessous
de 0°C. Le vent souffle et il neige. Le paysage jadis
coloré et minéral se couvre d'un manteau blanc.
Magie de l'hiver! Le barreur, attentif à la glace omniprésente,
s'équipe d'habits chauds et d'un masque de ski.
Barreur bien équipé sous la première
neige. Les falaises de grès près de Qaanaaq
(photos Dolores Gonzalez)
Ainsi, nous remontons jusqu'à Harward Oer, un archipel
qui nous semble offrir des bonnes possibilités de mouillage
en raison de la roche granitique qui le constitue. Long de
8 milles, un havre naturel est formé entre l'île
du N et l'île du S. Nos espoirs sont récompensés:
les mouillages sont nombreux et bons.
A notre surprise, la végétation est abondante.
A cette saison les fleurs sont fanés, mais il reste
les traces d'une flore qui contraste avec les falaises et
fronts de glace inhospitaliers qui forment le fond du fjord.
Ce n'est certainement pas un hasard si les hommes s'y sont
installés. Les 4 familles qui habitent le minuscule
village de Qeqertat préfèrent le calme et la
nature à l'effervescence de la 'ville'. Tout est relatif;
Qaanaaq, la 'ville' à 70km à l'W, ne compte
que 600 habitants...
Extrait de la carte de navigation de la région. (©
Kort & Matrikelstyrelsen, Miljoministeriet, Danmark)
C'est peut être ici que nous élirons domicile
pour l'hiver. En dehors de l'absence d'un réseau permettant
une communication aisée, toutes les qualités
essentielles y sont réunies, à commencer par
un mouillage qui semble sûr sans être encaissé.
Et malgré la barrière du langage, le premier
contact avec les habitants du village est chaleureux.
Nanuq au mouillage à Harward Oer, peut être notre
mouillage d'hiver. Le village de Qeqertat vu de l'W (photos
Kalle Schmidt)
A présent, nous redescendons sur Qaanaaq. Une fois
de plus, nous mouillons notre ancre dans les eaux rouges de
Kangerdharssuk, abrité du vent du S qui souffle en
rafales de 30 noeuds. L'été est terminé.
Tels des oiseau migrateurs suivant les saisons, il est temps
pour certains de partir. Le petit bimoteur ne vole qu'une
seule fois par semaine et ne se pose que le temps de décharger
le fret. Restera un équipage de trois et de belles
aventures en perspective!
Mouillages:
ATTENTION : la navigation à l'E de Qaanaaq nécessite
une autorisation. Se renseigner à la Mairie.
Il est également utile de se renseigner auprès
des chasseurs locaux pour éviter toute interférence
avec leurs activités.
Kangerdharssuk 77°33'N 68°35'W : mouiller par
15m fond de sable et limon de bonne tenue dans l'anse
formée au S du delta d'alluvions. Le rayon d'évitage
est juste suffisant devant le seuil découvrant
à basse mer qui borde la cote sur 20-40m (rochers).
Ouvert du N à l'E. Lors de coups de vent du SE
de la glace s'accumule dans la baie. Dans ce cas un
mouillage d'attente se trouve sur la côte opposée
du fjord, au pied de la falaise qui borde le S du delta
- fonds raides, mais de benne tenue. Endroit riche en
végétation. Quelques cabanes utilisées
par des chasseurs, restes de village désaffecté.
Accès facile à la calotte glaciaire de
Piulip Nunaa. Cadre alpin.
Harward Oer 77°29.5'N 66°29.3'W : mouillage
à 2.5 milles à l'E du village de Qeqertat.
Fonds de bonne tenue. Protégé de la glace
et de la mer en toute direction, mais protection du
vent faible en raison du relief doux. La traversée
de la baie qui sépare le N du S de l'île
se fait en restant dans l'axe: fonds de 15 à
45m. Pour la passe d'entrée W: contourner par
le S les ilots (77°29N 66°42W) près du
village de Qeqertat. Accès au mouillage par le
N. Promenade de 45' vers le point culminant de l'archipel
(nombreux éboulis, petits lacs d'eau douce).
Harward Oer 77°30.4'N 66°24.6'W : excellent
mouillage dans une baie fermée à 4M à
l'E du village de Qeqertat. Fonds au choix entre 8 et
25m de très bonne tenue (sable et limon). La
meilleure protection des vents du S se trouve dans le
S de la baie, juste à l'W de la passe d'entrée
(mouiller par 15m de fonds et porter 2 aussières
à terre). Sur tout le pourtour se trouve un plateau
découvrant à BM bordé de rochers
à 20-50m de la cote. Attention: donner un large
tour aux rochers découvrant à basse mer
à 50m au SW de la passe d'entrée. Environnement
doux et végétal. Promenade de 15' vers
l'E à un point culminant qui domine le vaste
fond du fjord.
Info:
Communication dans la région sur VHF canal 10.
Pas de relais VHF avec Asiaat Radio. |
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